En quête de souveraineté alimentaire, le Gabon, par l’intermédiaire de son gouvernement, a annoncé récemment, une série de mesures destinées à réduire sa dépendance alimentaire et à maîtriser les prix de produits de première nécessité. Ces réformes mettent en évidence, la trajectoire de développement que veut emprunter le nouveau président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, lui qui veut bousculer les lignes.
Les mesures annoncées par le dernier Conseil des ministres sont à la fois inédites et osées pour un pays qui dépend à 60% des produits alimentaires d’importation. Toutefois, si elles sont appliquées à la lettre, ces mesures permettront au Gabon de se faire une place au soleil d’un point de vue de la sécurité alimentaire et de rompre avec des dépenses alimentaires estimées à plusieurs milliards de francs CFA.
En effet, la volonté du Gabon de rompre, à compter du 1er janvier 2027, avec l’importation de poulet de chair offre à la fois une bouffée d’oxygène pour l’entreprenariat local, une maîtrise des prix ainsi que le développement d’une chaîne de valeur nationale autour de cette production. Concernant ce point, l’objectif du gouvernement est clair : redonner toute sa place à la production avicole nationale, à stimuler l’investissement agricole, à réduire la dépendance alimentaire et à renforcer la balance commerciale. « Elle favorise également l’émergence d’un tissu d’emplois ruraux, la montée en qualité des produits consommés localement et la création d’un écosystème économique autour de cette filière », ajoute le communiqué du Conseil des ministres.
Ensuite, s’ensuit la mesure consistant à la mise en place de la centrale d’achats des produits de première nécessité, afin de répondre aux attentes sociales urgentes, notamment en matière de lutte contre la vie chère et d’amélioration du pouvoir d’achat des ménages. Cette structure publique, a annoncé le gouvernement, aura pour mission d’approvisionner le marché national en produits essentiels à des prix maîtrisés, de stabiliser les coûts, de réduire la spéculation et d’assurer une distribution équitable sur tout le territoire.
« Elle permettra également, ajoute le gouvernement, de constituer des stocks stratégiques, garants de la résilience nationale face aux aléas ». S’agissant de ce point, les différentes crises de l’inflation « voulue » dont sont victimes les consommateurs locaux et la crise sanitaire de la Covid-19 qui a duré environ trois ans et durant laquelle les circuits d’approvisionnement et de distribution de produits de première nécessité ont été durement éprouvés, rappelle la nécessité de cette mesure. Elle offre pour le constater, une marge de manœuvre au Gabon pour agir en cas de situation particulière.
Si des lignes de crédit préférentielles pour les éleveurs doivent être mises en place, le Gabon s’inscrit par ces mesures sur un terrain assez osé, sachant que son agriculture est encore embryonnaire et que les investissements dans le secteur posent encore problème. Ces différentes mesures sont peut-être là, l’occasion pour le Gabon d’amorcer un réel retour à la terre, lui qui depuis plusieurs années, tâte le rêve d’être autosuffisant alimentaire.
Flaury Moukala