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mercredi, 24 avril 2024

Gestion durable de la chasse : les communautés locales expérimentent une approche novatrice et résiliente au Gabon

La gestion durable de la chasse pour une durabilité des protéines animales indispensables au mode alimentaire local.

L’engagement communautaire dans la gestion durable de la chasse, une grande première au Gabon

Le vide juridique  dans la législation Gabonaise pour  l’accompagnement des communautés dans cet élan de conservation.

Dans l’Ogooué-Ivindo, au Nord-est du Gabon, 20 villages et regroupements des villages s’investissent avec vigueur dans cette nouvelle approche de la conservation de la biodiversité.  La gestion durable de la chasse, un projet du Professeur John Pulson de l’université de Duc, aux Etats Unis en partenariat avec l’US Fish, le ministère des Eaux et Forêts, de l’Institut de Recherche en Ecologie Tropicale et l’Université Omar Bongo (UOB).

Assurer un meilleur équilibre entre l’homme et la nature, de manière globale le projet de ‘’gestion durable de la chasse par les communautés locales’’ est parti d’un constat accablant basé sur la rareté, au début des années 2020, de la viande de brousse dans les forêts jouxtant plusieurs villages. Conséquence d’un ensemble de facteurs reposants sur l’activité de l’homme. L’idée, murie par une équipe de chercheurs  prendra forme dans le département de l’Ivindo.

Avec l’arrivée massive de l’exploitation forestière dans la région dès 2002, les populations rurales font face à plusieurs difficultés d’ordre existentiel. L’incidence des activités d’exploitation forestières, conduit généralement à une présence humaine assez importante dans les villages (mains d’œuvre ouvrière), donc, un besoin accru de nourriture.

Cela  débouche à des activités parfois illicites incontrôlées dans les permis forestiers et aux abords des villages, caractérisés par le braconnage, l’exploitation forestière et l’exploitation sauvage des ressources minières.  Résultats des courses, les populations rurales ont du mal à disposer, en quantité suffisante, de cette ressource essentielle à leur survie et dans plusieurs cas, à posséder des espaces indispensables à leurs activités traditionnelles.

Afin d’aider à assurer la pérennité  de la viande de brousse, source de protéine pour les populations de nombreux villages, les experts du Projet Nsombou Abalghe-Dzal ont offert un accompagnement à ces communautés. (Nsombou qui signifie chasse en Kota, et Abalghe-Dzal la gestion au village en Fang), initié par l’Université de Duke (USA), en partenariat avec l’Agence Nationale des Parcs Nationaux, l’Institut de Recherche en Ecologie Tropicale et financé par le US Fish and Wildlife Service.

Les habitants des regroupements des villages Ebessi (canton Ntang Louli) ; Massaha (canton Bonga) et Latta (canton Liboumba), Se laisseront séduire. Les premiers comités de gestion se mettront rapidement en place.  Chaque communauté vat instaurer librement les règles de conduite qui encadrent et garantissent cette nouvelle approche.

Pour Michel Mvouassé, Président du bureau de gestion d’Ebessi, « Nous avons érigé des zones de réserve dans les environs de notre village, et la forêt d’Ebessi située au nord de la route nationale est désormais  une zone où la chasse  est strictement interdite à toutes personnes. D’autres activités (par exemple, la pêche ou la cueillette) sont toujours autorisées, mais personne ne peut apporter une arme dans la réserve. Nous avons établi des règles qui sont désormais appliquées et des sanctions prises quand elles ne sont pas respectées. Tous les villageois sont très satisfaits des premiers résultats parce que depuis quelques mois, on arrive à trouver des traces des bêtes sauvages non loin du village. Cela n’était plus le cas depuis longtemps ici ».

Du coté de Latta, sur l’axe Makokou-Mékambo, des résultats encourageants sont également observés par les communautés rurales. « Ici, les antilopes qu’on appelle céphalophes à pattes blanches, les chevrotins aquatiques sont de nouveau visibles dans nos cours d’eaux et près du village, grâce à cette décision des villageois de faire la gestion durable de la chasse » nous a confié  Colia KOUMOUSSA, natif de Latta.

Plus loin, à Massaha, regroupement des villages situés à 56 kilomètre de Makokou, la viande de brousse, denrée rare, depuis quelques temps, est de nouveau consommée à volonté.  

L’engagement communautaire dans la gestion durable de la chasse, une grande première au Gabon

 Pour la toute première fois dans ce pays d’Afrique centrale et même  dans la sous-région, les communautés rurales se mobilisent dans un projet environnemental dont l’objectif, à la fois consensuel et volontaire,  est la gestion durable de l’environnement par la suppression de la chasse intensive à des fins commerciales,  la protection des espèces fauniques et floristiques dans une dynamique communautaire consensuelle.

L’approche est prometteuse du fait de l’adhésion libre des communautés à la politique de conservation, ce au moment où le conflit homme/éléphant divise l’opinion nationale et mets à mal les enjeux de conservation dans un pays présenté à l’international comme leader Africain en la matière. 

Les partenaires techniques offrent aux membres des communautés intéressés, des formations de para écologiste, de maniement des NTIC, de collecte de données et d’identification des espèces animalières.

Le vide juridique  dans la législation Gabonaise pour  l’accompagnement des communautés dans cet élan de conservation

Le Gabon dont les forets font partie du bloc du Bassin du Congo et dont le rôle est de plus en plus prononcé en matière de lutte contre les changements climatiques dispose d’une législation à parfaire.

De l’ensemble des textes législatifs et réglementaires qui régissent le secteur ‘’forêts – environnement’’ dans notre pays,  (à notre connaissance), aucun n’évoque, avec précision, les outils et les mécanismes d’accompagnement des communautés dans des approches de conservation comme celle ici évoquée.

Les règles communautaires mises en place ont valeur de ‘’code de bon conduite’’ et ne peuvent, en aucun cas, être imposable. « Toutes les en matière d’infraction au code forestier dans notre pays sont régis par des dispositions légales, les règles communautaires prises dans le cadre leurs projets n’engagent en rien l’administration et peuvent être attaquable devant le tribunal en cas de désaccord. Donc vous voyez bien que dans ce cas, nous ne pouvons que conseiller et non soutenir certaines initiatives, soient-elles salutaires pour la conservation », nous a confié Thierry MVIE OKOGHE, le Président du conseil départemental de l’Ivindo. 

Toute fois l’administration provinciale des Eaux et forêts, la Préfecture et le conseil départemental se doivent d’accompagner et d’encadrer cette initiative afin de lui apporter une certaine valeur ajoutée.   

  Benjamin Evine-Binet  Makokou/Gabon avec l’appui du Rainforest Journalism Fund et Pulitzer Center

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