En essuyant une nouvelle défection et pas la moindre au sein de ses effectifs, celle de l’ancien Premier ministre et Membre influent de son cercle de décisions, le Parti démocratique gabonais (PDG) vient d’emprunter un virage pour le moins rassurant qui n’augure pas de bon lendemains, alors que cette formation politique a toujours fait la pluie et le beau temps politique au Gabon. Déjà que ce n’est pas la première et certainement pas aussi, la dernière défection.
Alain-Claude Bilié-By-Nze avait-il eu raison en son temps de critiquer la trajectoire qu’emprunta le PDG au lendemain du « Coup de libération »? Si le constat nous amène à répondre par l’affirmative aujourd’hui, le statu quo affiché alors par Ali Bongo Ondimba, président du parti, au lendemain de ce même évènement militaro-politique, n’a pas favorisé le positionnement du PDG. Au contraire, son silence n’a fait qu’amplifier les interrogations sur l’avenir de cette formation politique. Pas étonnant qu’il a très vite été destitué de son fauteuil, pour permettre au parti d’espérer un autre avenir. Mais aujourd’hui, cet espoir semble se heurter à la dure réalité des démissions en cascades.
D’abord, il y a eu la première et pas la moindre, celle d’Alain-Claude Bilié-By-Nze, élevé 2e Vice-président du parti qui n’avait pas apprécié la trajectoire emprunté par le PDG, alors que selon lui, des fondamentaux devraient être réalisés pour éviter de reproduire les erreurs du passé. Ensuite, s’en est suivi les démissions en cascade de plusieurs hauts cadres à travers le pays, dont celle groupée des cadres de la province du Woleu-Ntem, à savoir Dr Guy Patrick Obiang, Charles Mve Ella, anciens Membres du Comité permanent du bureau politique, David Ella Mintsa, Pr Daniel Ona Ondo, René Nzemezo’o Obiang et Pastor Ngoua N’neme, tous anciens Membres du Bureau politique du parti fondé par Omar Bongo en 1968. Enfin, celle de Paul Biyoghe Mba pourtant élevé il y a seulement quelques mois au sommet du parti en qualité de Vice-président. La raison de ce nouveau départ, d’une personnalité que l’on peut présenter comme un sage du parti, n’est autre que celle d’expérimenter quelque chose de nouveau au sein d’une nouvelle formation.
Il faut dire, pour essayer de comprendre ces circonstances, que le départ en catimini d’Ali Bongo Ondimba du Gabon pour l’Angola, quoiqu’étant lui-même destitué, le silence inouïe de la famille Bongo sur l’avenir du PDG et la tournure des événements politiques au Gabon, notamment avec les restrictions tous azimuts dont sont victimes les partis politiues rendent difficile la vigueur de nombreuses formations politiques. Le PDG, en dépit de sa force de frappe connue d’antan, semble tout aussi affecté par ces missiles. Ces membres influents et dirigeants ne sont plus aux commandes des grandes administrations et le nouveau tenant du pouvoir, Brice Clotaire Oligui Nguema à clairement affiché son ambition de refaire la classe politique. Toute chose qui laisse en premier les sympathisants et membres perplexes, surtout pour ceux dont le parcours politique est inachevée. Cette convenance a eu pour effet d’impacter la décision des membres de rester ou de partir. Certains y sont encore quand d’autres ont préféré regarder l’avenir ailleurs.
Pour se faire bonne conscience, essayant le tout pour le tout, Blaise Louembé, président du Parti, vient de lancer une tournée provinciale du bureau, pour non seulement contrer ses démissions massives, mais aussi pour remobiliser la base déboussolée par la perte du pouvoir. Clairement, la stratégie du bureau du parti veut anticiper sur les élections législatives et locales en ligne de mire. Mais le PDG a-t-il encore la force et la vigueur d’antan pour convaincre les uns et autres de rester ? Pas si sûr ! Mais une chose est sûre, avec ses démissions en cascades, le parti se fragilise doucement.
Le Fils du Bled
