Si l’opération de déguerpissement des populations du « Boulbaisse », Derrière-l’Assemblée et Plein-Orety continue de faire débat au Gabon, entre ceux qui critiquent une décision jugée « précipité » et ceux qui compatissent à la douleur des personne ayant perdu des années d’investissement, la réalité est assez critique pour de nombreuses familles qui vivent désormais séparée.
Claudine est une jeune gabonaise, célibataire et mère de deux enfants qui vivaient à Derrière-l’Assemblée chez sa tante. N’ayant pas terminé son cursus scolaire suite à certaines circonstances de la vie, Claudine était tenancière d’un bar, une activité qui lui permettait de subvenir à ses besoins ainsi qu’à prendre en charge ses enfants. Avec l’opération de déguerpissement, son activité est tombée à l’eau. Par ailleurs, sa tante ayant perdu sa maison, la jeune gabonaise a dû envoyer précipitamment ses deux enfants à Bitam, dans le nord du pays. Désormais errante, sans domicile fixe, elle se retrouve déboussolée, ne sachant pas vers qui d’autres se tourner, car étant aussi orpheline.
La situation de Claudine n’est en rien un cas isolé des personnes et familles fragilisées. Victimes de cette tragédie urbaine, elles sont en effet nombreuses, les familles qui dans la précipitation de cette opération, ont du se débrouiller pour trouver où rester. Conséquence, le père est allée à gauche, la mère à droit et les frères et les sœurs ont chacun, du chercher où se loger. De nombreuses cellules familiales sont brisées avec les autres conséquences que cela pourrait avoir sur le plan psychologique et des liens familiaux.
Dans la tourmente de cette situation, apprend-on, un jeune homme orphelin, responsable de sa petite sœur malade-mentale et connu à Derrière-l’Assemblée comme étant un débrouillard, est lui aussi dans une situation critique. « Il y a un jeune garçon qui nous aidé de temps à autre dans les petites tâches qui est actuellement aux aboies. Nous essayons de rentrer en contact avec les affaires sociales pour qu’ils récupèrent au moins sa petite sœur pour l’alléger de ce poids au vu de sa situation. Il n’a pas personne ! », explique une ancienne habitant de Derrière-l’Assemblée.
Depuis cette opération, le jeune homme et sa sœur dorment à la belle étoile, car n’ayant pas où aller. « Il y a des gens qui n’ont pas où dormir », s’exclame tristement notre interlocutrice. Pour cette derrière, le gouvernement a pris cette décision sans en mesurer les conséquences sociales. Selon elle, ils auraient dû donner du temps aux habitants de la zone pour les permettre de partir. Mais cela n’a pas été le cas. « Je vois ici et là, des membres du gouvernement qui disent que nous sommes informés de ce déguerpissement depuis 2015, mais même lorsque c’est le cas, on avertit au moins de la date d’exécution des démolitions. On ne vient pas vous surprendre comme des rats » souligne-t-elle.
L’absence du ministère des Affaires sociales pour accompagner les familles durant cette difficile épreuve soulève tout aussi des questions sur le rôle réel de cette administration. Alors que certaines personnes frôlent la tension ou des AVCs, le ministère devrait assez présente pour porter assistance aux familles dont les conditions de vie étaient insoutenables. Mais il n’en est rien. Les familles sont abandonnées à leur triste sort. Chacune se débrouillant pour surmonter au mieux cette difficile épreuve de la vie.
A cause ce déguerpissement, ce sont les liens familiaux, l’amour, l’éducation, la socialisation, le suivi parental à travers l’autorité parental et bien d’autres qui prendront un coup avec les risques cela pourrait comporter pour la société gabonaise de façon générale.
Affaire à suivre…
Flaury Moukala
