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mercredi, 24 avril 2024

Analyse génétique : le Nigéria sollicite l’expertise du Gabon

Une délégation des services des douanes nigérianes, représentée par deux agents de cette entité séjourne depuis quelques jours au Gabon, où ils sont venus faire analyser des échantillons d’écailles de pangolins et d’ivoires d’éléphants saisies dans le cadre des opérations de lutte contre le  trafic d’espèces fauniques dans leur pays.

L’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) accueille depuis lundi 9 mai et ce jusqu’au 23 mai prochain, deux invités du Services des Douanes Nigérianes. Il s’agit d’Ikeku Malivel et Ijomah Franklin qui ont effectué le déplacement du Nigéria pour le Gabon pour solliciter du Laboratoire de génétique de la faune de l’ANPN, l’analyse d’échantillons d’écailles de pangolins et d’ivoires d’éléphants saisies dans le cadre des opérations de lutte contre le  trafic d’espèces fauniques dans leur pays.

Séance de travail avec la délégation © mediapostegabon

« Nous sommes au Gabon pour faire analyser, au laboratoire génétique de l’Agence nationale des parcs nationaux, une saisie de défenses d’éléphants et d’écailles de pangolin qui a été faite au Nigéria en janvier 2021 », a fait remarquer Ikeku Malivel à l’occasion de la cérémonie de remise officielle des échantillons aux responsables du laboratoire.

Pour le Nigéria, cette étape est importante dans son processus de lutte contre les crimes d’ordre fauniques qui font écho sur son territoire. A toute fins utiles, il faut noter qu’entre juillet et septembre 2021, sept (7) tonnes d’écailles de pangolins et environ une tonne de défenses d’éléphants ont été saisis par les services de douanes Nigérianes. Un fait qui montre la gravité du problème. Lequel nécessite la prise de mesures urgentes pour freiner les appétits des braconniers et autres trafiquants des produits de la faune sauvage. C’est à ce titre que l’implication du Laboratoire de génétique de l’ANPN apparaît nécessaire en ce qu’il permettra de « pouvoir apporter des preuves dans les cas qui sont actuellement traités par les Tribunaux nigérians. »

Le trafic d’espèce faunique, un fléau continental

La présence des responsables nigérians des douanes au Gabon montre à bien égards à quel point le trafic d’espèces fauniques demeure une préoccupation d’ordre continental. A l’échelle des pays, les mêmes causes produisent presque linéairement, les mêmes effets mais à des proportions plus ou moins différentes en fonction de la densité de la population.

Si l’éléphant est au cœur de ce trafic, les chiffres du rapport du Programme des Nations unies pour l’Environnement et Interpol sur le trafic d’animaux permettent de mieux saisir la gravité du problème. Ainsi d’après ce rapport, le trafic d’animaux et de produits forestiers est estimé à 70 et 213 milliards de dollars US par an. Des montants proches de l’aide public des pays au développement qui mettent cependant en lumière l’impact réel sur la faune et la flore.

« Aujourd’hui nous savons que le trafic des produits fauniques est un enjeu majeur à l’échelle internationale. C’est un trafic bien organisé qui implique plusieurs pays et même plusieurs continents avec souvent des produits fauniques qui proviennent d’espèces qui sont présentent sur le continent africain, qui sont ensuite exportés illégalement au niveau du continent asiatique », détaille Stéphanie Bourgeois, Responsable du Laboratoire d’Analyse Génétique de l’ANPN.

Pour la responsable du Laboratoire de génétique de la faune, la coopération entre pays, à l’exemple de celle qui s’opère actuellement entre le Gabon et le Nigéria, demeure la meilleure arme possible. Car en engendrant des synergies d’action, celle-ci peut jouer un rôle déterminant dans la lutte contre ce fléau. « Aujourd’hui, la coopération entre pays impliqués tout au long de cette chaîne de trafic de produits fauniques est cruciale pour pouvoir démanteler ces réseaux et lutter contre ce trafic majeur à l’échelle mondiale », ajoute la responsable du Laboratoire.

Le Laboratoire de génétique, un outil au service des pays

Face aux défis qu’impose ce trafic, le Laboratoire de génétique de la faune de l’ANPN, unique laboratoire de ce type en Afrique Centrale à pouvoir proposer ce type d’analyse offre une réponse au problème. En effet, il permet de fournir des renseignements très importants pour mener les enquêtes dans le cadre des grandes saisies. Une fois l’enquête achevée, les résultats compilés dans un rapport d’expertise sont ensuite remis à l’institution qui a mandaté le laboratoire pour faire les analyses. C’est le processus poursuivi par la coopération entre le Gabon et le Nigéria dans le cadre des analyses génétiques d’échantillons d’ivoires et écailles de pangolins saisis au Nigéria.

« Notre rôle en tant que laboratoire de génétique faunique est de recevoir les échantillons, de les faire analyser et ensuite nous produisons un rapport d’expertise qui est ensuite remis à l’institution qui a mandaté le laboratoire pour faire les analyses. Donc dans le cas précis, nous allons remettre un rapport d’expertise aux Douanes du Nigéria qui pourront ensuite prendre les mesures appropriées pour communiquer ces informations avec les pays sources qui ont été identifiés et également transmettre ces informations aux tribunaux nigérians pour soutenir les poursuites judiciaires », fait remarquer Stéphanie Bourgeoise.

Par cela, le laboratoire se positionne donc comme un outil scientifique d’aide aux décisions juridiques des tribunaux des pays dans la lutte contre les crimes fauniques. Si le Nigéria vient d’ouvrir la voie à ce type de coopération sud-sud, il va s’en dire que le laboratoire est désormais ouvert à la demande d’analyse d’échantillons d’animaux issus du trafic de d’autres pays.

Michaël Moukouangui Moukala

MEDIAPOSTE
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