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mardi, 11 février 2025

Nouveau Gouvernement : non, Mays Mouissi n’a pas tout perdu de l’économie !

Jusqu’à il y a encore quelques jours ministres de l’Economie et des Participations du Gabon, Mays Mouissi a été éjecté de sa chaise pour être orienté vers le ministère de l’Environnement et du Climat, à la suite du dernier remaniement gouvernemental. S’il remplace à ce poste Arcadie Svetlana Minguengui Ndomba épse. Nzoma, son départ du ministère de l’Economie fait suite à la crise qui a éclaboussé les rapports entre le Gabon et la Banque mondiale. Pour autant, sa nouvelle nomination l’amènera toujours à côtoyer l’univers de l’économie mais cette fois-ci, dans le domaine de l’écologie et du climat.

Au Gabon, particulièrement à Libreville, l’éjection de Mays Mouissi en qualité de ministre de l’Economie est la décision de remaniement gouvernemental la plus commentée. Sur les réseaux sociaux, ils ont en effet été nombreux à voir en le départ de Mays Mouissi du portefeuille Economie, une rétrogradation, due selon certains à des supposés « manquements et erreurs » concernant sa gestion de la dette et autres difficultés liées à la relance de l’économie.

Pour Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, Mays Mouissi n’a pas démérité. « On peut tout reprocher à Mays Mouissi, mais ayons l’honnêteté de reconnaitre l’audace et la dynamique insufflée en peu de temps à la tête de son ministère ». Centralisation de l’ensemble des recettes au niveau du Trésor public, digitalisation des mécanismes de collecte des recettes, mobilisation de plus de 1200 milliards de francs CFA pour le remboursement de la dette, lancement des projets d’envergure, création de la Banque de l’entreprenariat, Fly Gabon, Fly Holding…Selon le Vice-président de l’Assemblée nationale, en quinze mois, Mays Mouissi a été de tous les chantiers de la transition.

L’économie autrement

Invraisemblablement, Mays Mouissi n’a pas tout perdu de l’économie. Son ministère « Environnement et Climat » est un trait d’union entre la prise de décision pour une meilleur gestion des écosystèmes naturels, la lutte contre les changements climatiques et la recherche incessante des capitaux-verts pour financer la Transition écologique dont quasiment tous les pays ont souscrit depuis la rencontre de Paris sur le Climat de 2015 (COP21). Et pour cause, la question de la résilience environnementale est aujourd’hui indissociable de celle des finances. Un lien sournois, difficilement perceptible pour les profanes de l’environnement, uni ces deux parallèles.

« Le recours à des experts en économie pour diriger des ministères comme celui de l’Environnement s’impose comme une nécessité stratégique. En effet, la capacité d’un pays comme le Gabon à accéder aux financements internationaux repose sur la maîtrise de mécanismes complexes, tels que le marché des crédits carbone ou les incitations financières liées aux initiatives de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette expertise économique permet non seulement d’assurer une gestion optimale des fonds alloués, mais également de positionner le Gabon comme un interlocuteur crédible et influent dans les négociations internationales.

Dans son dernier discours à la nation, le chef de l’État a réaffirmé sa vision de faire de la préservation de l’environnement un pilier central de l’économie gabonaise. Il a également souligné l’importance de maintenir le Gabon parmi les leaders mondiaux dans ce domaine. Cette ambition justifie pleinement la récente nomination de Mays Mouissi au poste de ministre de l’Environnement. En tant qu’économiste reconnu, Mays Mouissi incarne une approche novatrice et pragmatique de la gestion environnementale, où les considérations économiques et écologiques se rejoignent pour servir les intérêts du pays », Frice Manguila, Chercheur à l’Université Omar Bongo en économie de l’environnement, Responsable de projets ONG RGEDD.

L’un des enjeux du nouveau ministre sera donc de dynamiser ce portefeuille pour en faire un catalyseur des fonds à l’international. N’oublions pas que par le passé, le Gabon est arrivé à mobiliser des fonds verts, grâce à sa capacité de résilience sur les questions de préservation de l’environnement et de lutte contre les changements climatiques. On en veut pour preuve, la signature en 2019, d’un accord de 150 millions de dollars, soit environ 90 milliards de francs CFA, entre le Gabon et la Norvège pour la préservation de ses forêts. S’il apparaît difficile d’établir la frontière entre préservation de l’environnement et celle des forêts, il va s’en dire que cet accord a beaucoup milité pour la lutte contre les changements climatiques.

Sur un tout autre plan, le 31 décembre 2024 lors de son discours des vœux à la nation, le président de la Transition, Chef de l’Etat, Gén. Brice Clotaire Oligui Nguema a affiché sa volonté de mettre en place un cadre juridique qui permettra au Gabon de collecter les contributions carbones des compagnies aériennes et maritimes survolant son ciel et traversant ses eaux. Cette volonté, qui s’inscrit dans le cadre du principe « Pollueur-payeur », offre matière à faire à Mays Mouissi. Cette décision s’inscrit en droite ligne avec la Contribution déterminée nationale (CDN) du Gabon qui aligne le Gabon à la neutralité carbone d’ici 2050. Or, cette vision se prépare dès aujourd’hui et le ministère de l’Environnement et du Climat a un rôle prépondérant à jouer dans cette dynamique.

Implémenter le « Pacte de l’environnement »

Mays Mouissi a du travail ! Dira-t-on même du pain sur la planche. En effet, contrairement à ce que peuvent penser les plus pessimistes, n’oublions pas que le président de la Transition vient d’afficher sa volonté à redonner à l’environnement ses lettres de noblesse, avec l’annonce du lancement du nouveau « Pacte de l’environnement ». Mays Mouissi devra-t-être sans nul doute, l’architecte de ce chantier. La tâche ne sera pas facile, puisque cela suppose de redonner confiance aux partenaires du Gabon, de rechercher de nouveaux partenaires et de maintenir le statut du Gabon de pays leader en matière de préservation de l’environnement. Son chantier suppose tout aussi la mise en place de nouvelles réformes fortes en rapport avec la préservation de l’environnement mais également de nouveaux mécanismes de captation des finances climatiques dans le cadre des mécanismes internationaux existants.

Pour Mays Mouissi, cela consisterait à faire de l’économie mais sous une autre forme. Un angle plus vert et écolo. C’est donc ici dire que son nouveau portefeuille ministériel n’est pas un lieu de pique-nique comme certains peuvent le penser.

Michael Moukouangui Moukala

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