Apparu au Gabon avec l’effervescence des vents du changement survenue dans les anciens territoires de l’Europe de l’Est, après plus de deux décennies d’un monopartisme triomphant, l’opposition gabonaise façonnée par le passage de plusieurs de ses acteurs d’aujourd’hui à la gestion des affaires de l’État, est encore très largement, tributaire et attaché, à ses privilèges induits d’antan pour miroiter un quelconque combat d’espoir pour le peuple.
L’on se souvient encore de cette boutade d’un ancien leader de l’opposition gabonaise de la décennie 90, Paul Mba Abessole, ndlr, qui disait : « Ce n’est pas parce que les gens se mettent ensemble qu’ils ont changé », pour traduire dans la réalité qui est vraiment opposant au Gabon.
D’ailleurs, celui qui passe pour le plus irréductible de cette cacophonie, Jean Ping, n’en garde pas moins la nostalgie. Reléguant au second plan son intérêt pour le peuple gabonais. Ce statut « d’opposant » est beaucoup plus sujet à la controverse. Et se mêlent deux vocables : « opposant alimentaire » et « opposant radical ». On serait tenté de se demander qui est l’un et qui est l’autre ?
Et, à certains de considérer ce scénario comme une prestation de « guignols politiques » dont le rôle est, non pas de jouer le contre-pouvoir mais plutôt à faire des appels de pieds parfois au prix d’un énorme chantage sous diverses formes de prestation. Vue que le passage à contre cœur dans le camp de la contestation, où ils n’ont jamais fait l’unanimité, n’est constitué que de menu fretins. On fait plus étalage d’un trésor dispendieux amassé lors du passage « glorieux » aux affaires du pays.
Ce qui a longtemps permis de prospérer socialement au détriment du peuple et posséder toujours les mêmes parcelles du pouvoir tout en étant dans l’opposition. Où est alors dans ces cas, l’intérêt général du peuple que l’on prétend défendre la cause ?
D’où l’éternel cycle de revirement sans conséquence affirme sans remords un ancien opposant du pays convaincu d’une nouvelle domination du pouvoir en 2023.
La progéniture est formée dans les meilleurs établissements du pays où à l’étranger. On se soigne dans les superstructures hospitalières à l’étranger. C’est d’ailleurs cette accointance « du quitte que je m’y mette » qui incite le plus à la haine vouée au pouvoir incarné par Ali Bongo Ondimba. Qui succédant au patriarche Omar Bongo Ondimba, a fait de la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite son cheval de bataille, et imposé la rupture avec les méthodes passéistes.
Pour mettre en avant le développement du pays. Afin que les rentes du pays qui ont profité à l’ancienne baronnie érigée en oppresseur du peuple sans créer les richesses tant escomptées, servent à la transformation du Gabon.
Le président de la République, Ali Bongo Ondimba, n’a pas reproduit le même schéma que son illustre prédécesseur. Le chef de l’État s’est plutôt offert une nouvelle élite. Qui, très vite aussi semble tomber dans les mêmes travers.
L’opposition gabonaise aujourd’hui dégraissé progressivement par le pouvoir ne ressemble plus qu’à un syndicat de contestataires d’un régime que l’on tance de « totalitaire(?).
En effet, le chef de file de contestation qui n’a plus aucune alternative de crédibilité, pourrait tenter l’ultime sursaut d’orgueil. Espérer un rapprochement avec le pouvoir. Dans un entre soi où tout le monde s’épie dans la perspective des présidentielles de 2023.
Pour de nombreux observateurs du pays, la sortie de Jean Ping en février dernier, ndlr, n’est pas d’un fait banal anodin. Lâché par ses soutiens, l’homme pense plutôt à se faire une survie politique dans le pays.
Nkomi – d’Omboué dans l’Ogooué-Maritime – Jean Ping entendrait mettre à profit la nomination de Michel Essonghé – Oroungou de Port-Gentil – au poste stratégique de Haut-Commissaire de la République, pour espèré entreprendre un revirement. Si ce n’est déjà effectif au même titre que certains de ses anciens compères de fortune.
Ancien et fidèle compagnon du défunt président Omar Bongo Ondimba, et homme de confiance de l’actuel chef de l’État, Michel Essonghé, reste un homme charismatique dans la province de l’Ogooué-Maritime. Où il a toujours été présenté comme le véritable rassembleur.
Jean Ping va-t-il mordre à l’appât du gain ? Lui qui fait encore partie du cercle restreint des frustrés du pouvoir gabonais. Ou rester dans une spirale de cloisonnement sans issue. Alors que l’opposition parle plus du renouvellement de son élite.
Thierry Mocktar