Il ne s’agit pas, certes, de la mort physique mais celle politique de du vielle opposant gabonais désormais à la remorque. La promotion par le pouvoir à certains postes clés de l’exécutif du pays de plusieurs de ses anciens compagnons de « lutte » constitue, évidemment, la trame de ce constat.
Dans une léthargie profonde depuis plusieurs mois, le camp de la majorité se galvanise depuis quelques temps avec le retour massive dans ses rangs d’anciens opposants, dont certains, très proches de Jean Ping. Qui, dans l’incapacité ne peut empêcher la saignée de son camp au profit d’un élan patriotique et républicain favorable à la main tendue du chef de l’État.
Jean Ping, le chef de file de la Coalition pour la nouvelle république (CNR) – une frange de l’opposition gabonaise déflatée – à certainement mis un trait à son activisme politique, dans lequel il s’est illustré par rancœur après son éviction de la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA).
En effet, la sortie controversée, le 3 mars dernier, de l’ancien chef de la diplomatie gabonaise sous le régime du président Omar Bongo Ondimba, est aujourd’hui perçue comme le dernier baroud d’un opposant déchu en quête de compassion.
D’ailleurs, lors de la commémoration du 5e anniversaire du parti, Les Démocrates, l’occasion a été donnée à Guy Nzouba Ndama de réaffirmer le leadership de sa formation politique dans le carcan d’une opposition gabonaise de guenille qui n’a toujours pas « milité en faveur d’une quelconque idée de rapprochement ou de fusion-absorption de son parti avec le pouvoir ». D’autres entités à l’instar du Rassemblement héritage et modernité (RHM) – tendance Alexandre Barro Chambrier sont dans la même tendance de confusion et trouble. Alors que l’Union nationale est au bord du précipice avec des velléités de sabordement.
Nombreux estiment aujourd’hui dans l’opposition gabonaise que Jean Ping n’a plus cette « carapace » de leader vénéré et vénérable comme le fut ses devanciers : Simon Oyono Aba’a, Paul Mba Abessole, Pierre Louis Marie Agondjo Okawé – dont Jean Ping est le demi-frère – , Pierre Mamboundou, André Mba Obame… Qui ont marqué d’une empreinte indélébile leur passage dans les rangs de l’opposition.
Jean Ping paye ainsi son manque de poigne et ses velléités de rapprochement avec le pouvoir du pays. Des qualités qui commandent à la compromission et ont eu raison sur son embryonnaire « lutte » politique.
Dans ses propos appelant à la menace et à l’insurrection, tenus sur les antennes de la chaîne publique de télévision française « France 24 » – dont il est l’un des actionnaires au détriment des médias locaux – Jean Ping a plutôt fait preuve de faiblesse. Alors que certains de ses sympathisants attendaient de lui une nouvelle orientation politique dans la perspective des élections présidentielles de 2023, dont la victoire grandeur nature se dessine pour le pouvoir en place.
L’homme a plutôt fuit le début de la démocratie des urnes pour se lancer dans un argumentaire terne et stérile favorable au déchirement du pays.
Toute chose qui aura fini par convaincre qu’il n’est plus celui qui a la tête à l’emploi. Cela au moment fastueux où les Guy Nzouba Ndama, Pierre-Claver Maganga Moussavou, Alexandre Barro Chambrier, Mike Jocktane… réaffirment sur le terrain de manière expressive leur ambition. Alors que le camp de la majorité, lui, galvanise ses stratégies victoire pour 2023. Incapable de réagir face à l’urgence des vrais problèmes que connais le pays, Jean Ping aura été d’une indolence en tant que leader de l’opposition que la situation l’exige. Préférant se murer dans son « hacienda » des Charbonnages et à l’abri du besoin.
En effet, l’opposant n’est jamais parvenu de sortir de l’ombre de ses devanciers. Qui, depuis 1990, ont eu à tracé le sillon de la démocratie gabonaise. Pendant que lui habitué de la facilité des lambris dorés des palais tout en jouissant des largesses multidimensionnelles du défunt président dont il passait pour un collaborateur studieux. L’erreur de casting de Jean Ping à la présidentielle de 2016, était bien connue d’avance dès le départ.
Thierry Mocktar