Sydney, nous t’écrivons aujourd’hui le cœur lourd.
C’est avec tristesse que nous devons te dire que tu as été abandonné par les Gabonais. Malgré tes excuses publiques, malgré celles de tes parents, malgré l’humiliation et les larmes que tu as versées à genoux… tout cela n’a servi à rien.
Le président aurait pu faire preuve de grandeur d’âme, tourner la page, mais non. Pourquoi ? Par égo ? Par pure méchanceté ? Voilà ce qu’ils veulent que notre pays devienne, et voilà pourquoi nous sommes tous responsables. Ce n’est pas ainsi que le Gabon grandira, ni nous, ses enfants.
Pourtant tout le monde est bien conscients des épreuves que tu traverses, des difficultés de l’incarcération à un âge où tu devrais jouer dehors avec tes amis, et de la tristesse qui entoure ton sort. Nous avons tout essayé. Nous avons relayé la pétition ( 75 signatures ), nous avons informé la population, mobilisé nos contacts, mais malheureusement, la réponse collective n’a pas été à la hauteur de ce que nous espérions.
15 ans. C’est l’âge de l’insouciance, des bêtises, de l’impertinence. Tu as été l’un de ces enfants impertinents. Ton acte n’a rien de glorieux, mais il n’a rien non plus de grave. C’est l’acte d’un enfant. Et en te condamnant, ce sont tous les enfants de ce pays que l’on a condamné. Condamnés à être des automates, des petits soldats, des moutons bien dressés, aux ordres d’un système. Tel est le message qu’ils ont voulu faire passer.
Nous sommes désolés Sydney. Désolés de constater que le Gabon est devenu un pays où l’indifférence et l’égoïsme règnent. Désolés de voir que certains, paralysés par le qu’en dira-t-on et par la colère d’un pouvoir autoritaire, font l’autruche. Tant de Gabonais préfèrent détourner les yeux et se taire face à l’injustice. Où est passée cette nation qui se disait unie, prête à défendre ses enfants ? Aujourd’hui, trop ont peur… mais peur de quoi ? De se lever pour la vérité ? De se battre pour la liberté d’un enfant ?
Cependant, dans cette obscurité, quelques lumières brillent encore. Nous n’oublions pas les rares personnes qui ont eu le courage de te soutenir, malgré la répression. Quelques anonymes courageux se sont levés pour dénoncer l’injustice. Ils ont montré au monde qu’il y a encore des Gabonais qui refusent de se plier à la peur, et nous leur en sommes reconnaissants.
Sydney, tu es devenu un héros malgré toi. Ta voix, certes moqueuse et maladroite, a fait écho dans les cœurs de beaucoup. Car nous sommes un pays de libertés. Nous ne t’abandonnons pas. Continue de tenir bon, car le combat pour un Gabon meilleur ne s’arrêtera pas ici. Et même si le soutien semble faible, sache que l’équipe de Gabon 2025 et bien d’autres n’oublieront jamais l’injustice qui te frappe.
Avec tout notre soutien et notre amitié,
Le collectif Gabon 2025
