Au chômage technique depuis 2020, un collectif d’une centaine d’anciens agents de Pizolub a décidé par une correspondance, de saisir la cheffe du gouvernement. La lettre adressée à Rose Christiane Ossouka Raponda ci-dessous publiée in extenso.
« Lettre ouverte A Madame le Premier Ministre, Chef du Gouvernement
Objet : Paiement des droits légaux des ex-employés de PIZOLUB
Madame le Premier Ministre, Le Président de la République dans sa vision du Gabon Industriel et des services avait décidé en 2020 d’injecter 2,5 milliards pour la sauvegarde des emplois, et la relance des activités de PIZOLUB.
Avec cette somme dont il devrait rester un peu plus de 1,8 milliards dans un compte à la Caisse des Dépôts et de Consignation du Gabon (CDC) et 4000 tonnes d’huiles de base dont PIZOLUB dispose depuis plus d’un an, au premier semestre 2021 l’entreprise aurait pu atteindre un chiffre d’affaires d’un peu plus de 5 milliards selon les prévisions du plan de relance établi par l’ancienne équipe dirigeante s’il avait été respecté.
Cependant, contre toute attente, l’actuelle Direction générale de PIZOLUB depuis sa nomination le 20 novembre 2020 et sa prise de fonction le 17 décembre 2020 n’a ni lancé de production, ni procédé à la relance des activités de l’entreprise et a totalement ignoré et marché sur les efforts de relance et les acquis de l’équipe précédente.
Cette situation d’inactivité dont nous n’avons jamais eu aucune justification du fait du silence de notre désormais ex-employeur l’a conduit à nous informer en juin dernier par le biais de l’ONEP, du projet de licenciement économique de 118 employés tous gabonais, sur un effectif de 155 que comptait PIZOLUB.
Avec 11 mois de salaires impayés et dans l’incapacité de conduire à bien le licenciement économique annoncé, licenciement dont la Direction Générale dit avoir reçu l’instruction de Monsieur le Ministre du Pétrole et ce contre la Politique d’emploi prônée par Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, sous l’inspiration de l’ONEP, il nous a été proposé d’opter pour un départ volontaire dans le cadre d’un protocole d’accord au motif que le licenciement économique pour autant de personnes serait beaucoup trop long et que pour un effectif de 118 personnes à licencier, l’autorisation de l’Inspection du Travail serait difficilement accordée, tant ça va à l’encontre de la Vision du Président de la République.
17 décembre 2020 – 17 décembre 2021, voilà un an que nous sommes assis à la maison, avec 12 mois d’arriérés de salaires, chassés de nos domiciles, incapables de nourrir nos familles et de scolariser nos enfants.
Face à cette situation nous avons (98 personnes) signé ledit protocole d’accord de départs volontaires proposé par la Direction Générale de PIZOLUB 2 via l’ONEP dans l’espoir de pouvoir rapidement rentrer en possession certificats de travail afin de scruter d’autres horizons et surtout dans l’espoir de rentrer rapidement en possession de nos droits aux fins de scolariser nos enfants, nous occuper de nos familles et retrouver un minimum de dignité face à la paupérisation dans laquelle nous a plongé le management approximatif de cette Direction Générale.
Le reste des 118 proposés au licenciement n’ayant pas souscrit audit protocole, ont été de basculés en licenciement économique (20 personnes) en date du 31 août 2021, mais notifié le 23 novembre 2021.
Comment peut-on prétendre avoir mis fin à des contrats de travail au 31 août 2021 et notifier le licenciement en fin novembre ? Par ailleurs, le protocole d’accord qui stipule entre autres l’arrêt de nos contrats de travail au 31 août 2021 et le paiement de nos droits légaux au 5 septembre 2021 au plus tard nous a été fait signer de manière individuelle en novembre 2021.
Si la cessation de nos contrats a bien été matérialisée par la mise à notre disposition de certificats de travail, que ce soit en licenciement économique ou en départ volontaire dans le cadre du protocole d’accord, il n’en demeure pas moins cependant que près de 4 mois plus tard nous n’avons toujours pas reçu un seul Franc CFA de la part de PIZOLUB.
Comment peut-on, dans un pays de droit comme le nôtre, licencier autant de compatriotes sans leur payer leurs droits ? Et sans être inquiété ?
Madame le Premier Ministre, il ressort d’une rencontre tenue ce lundi 13 décembre 2021 avec Monsieur Fabien OMBOUMA, PCA de PIZOLUB, que la seule signature qui empêche nos virements depuis le compte PIZOLUB de la caisse de dépôt et de consignation est celle du Ministère du Pétrole car étant cosignataire avec le ministère de l’économie.
Il exigerait de la Direction Général de PIZOLUB, un accord écrit car il s’agirait de débloquer les fonds non pas seulement pour le paiement de nos droits, mais aussi pour l’achat des intrants nécessaires à la relance de la production.
Madame le Premier Ministre, quel rapport y’a-t-il entre le paiement des droits des employés licenciés et la relance de la production pour ceux restant ? Est-ce à dire que ce sont des entreprises étrangères (les marketeurs) qui ont bloqué jusqu’à ce jour la relance des activités d’une Industrie Nationale ?
Et qui empêchent aux Gabonais de rentrer dans leurs droits ? A l’orée des fêtes de fin d’année, nous nous tournons vers votre haute bienveillance Madame le Premier Ministre, afin que cette situation qui dure depuis un an trouve enfin une solution pour permettre aux Gabonais que nous sommes, de rentrer en possession de nos droits afin de pouvoir nous occuper de nos familles.
Dans l’espoir de trouver un écho favorable, nous vous prions d’agréer Madame le Premier Ministre, nos remerciements anticipés. »
Le Collectif des ex-employés de PIZOLUB.SA Libreville.