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vendredi, 22 novembre 2024

Gabon-Les falaises côtières de Panga : une merveille naturelle en proie à l’érosion côtière.

Brice Didier Celce KOUMBA MABERT

Chargé de recherche CAMES en géographie des mers et des littoraux IRSH – CENAREST

Présentation de la région

La côte au nord de Mayumba, faisant partie du littoral atlantique sud gabonais, est connue par la présence d’une plage en arrière de laquelle s’érige une haute falaise. Dans la région, Panga est également connu à travers l’existence d’un village pittoresque rénové par la construction de maisons à base de terre cuite colorée.  

Le village Panga

L’analyse diachronique, spatio-temporelle, de l’érosion de cette falaise et de ses éboulements spectaculaires révèle un recul net de ces formes topographiques.

La falaise de Panga s’insère dans la partie sud du littoral à lagunes méridionales du Gabon, au nord de la ville de Mayumba. Elle fait partie du bassin sédimentaire côtier du Gabon. La région s’insère dans la Série gabonaise du Madiéla ou pointe Panga (Albien) avec, du côté atlantique, un ensemble marneux et en allant vers le continent des faciès plutôt calcaires. Cette disposition l’érige en une véritable pointe, la pointe Panga. Dans cette partie du pays, il s’agit d’une côte rectiligne d’orientation nord-ouest – sud-est avec un ensemble de cordons littoraux qui délimitent les différentes lagunes qui s’alignent entre Port-Gentil et Ndindi. La région est colonisée par des collines dépassant difficilement les 100 m d’altitude et de grandes vallées rarement encaissées associées à des plaines littorales. L’ensemble de la région autour de Panga est caractérisée par la présence de grandes zones marécageuses drainées par un réseau de cours d’eau.

Une vue des falaises de Panga

Localisation géographique des falaises

L’érosion côtière, un monstre sans pitié

La ville de Mayumba est, entre autres, connue pour ses belles plages de sables fins, la beauté de la lagune, le village traditionnel Panga et la plaine Ouanga. Ces sites sont un atout pour le développement d’une activité touristique certaine. Longtemps ignorées par le grand public, les falaises de Panga deviennent, de plus en plus, une curiosité naturelle. Mais un imprévu menace ces formes littorales, l’érosion côtière.  L’érosion côtière est un phénomène global qui concerne tous les littoraux. Dans un contexte actuel et généralisé de changement climatique à l’échelle mondiale, l’érosion côtière reste un processus qui résulte de facteurs à la fois naturels et humains. C’est un phénomène qui agit, à la fois, sur l’environnement et les activités socioéconomiques, notamment sur le tourisme balnéaire et les ouvrages portuaires. Pour rappel, le débat reste ouvert sur le choix du site de Panga comme environnement devant abriter le port en eau profonde de Mayumba.

La comparaison effectuée sur le terrain et sur les photos Google Earth montre que certaines parties des falaises de Panga sont plus érodées que d’autres, il s’agit là, d’une érosion sélective. Le degré et les vitesses de recul des falaises ne sont pas les mêmes partout le long de la falaise. A certains endroits, la falaise tombe par pans entiers, déposant d’importants blocs sur la plage ; à d’autres endroits, on assiste même à une forme de ralentissement du phénomène, du fait d’une recolonisation par la végétation.  

Manifestation de l’érosion côtière

Les blocs qui se retrouvent sur la plage par les phénomènes de glissement et d’éboulement sont emportés par l’eau de mer. Au départ, le déferlement des vagues, à la base de ces falaises composés de roches meubles, procède par affouillement basal. La base de la falaise est non seulement attaquée mais l’eau de mer imbibe également la roche. Les marnes, roches sédimentaires qui composent ces falaises, contiennent des argiles et à ce titre sont des formations sensibles à l’eau donc susceptibles de fluer et de bouger. Cette sensibilité à l’eau des marnes entraine une modification du comportement mécanique et accentue les risques d’instabilités.

Il est donc important de ne pas envisager d’investissement lourd autour de ces falaises. Le village Panga reste encore bien éloigné et pour l’instant, protégé de l’agressivité de l’érosion côtière.

Brice Didier Celce KOUMBA MABERT

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