Au fil des interventions de ceux qui sont censés avoir une voix autorisée sur l’inquiétante crise dans les Régies Financières, on s’aperçoit que le malaise ne vient pas des agents mais de ceux-là qui « prétendent » servir le Chef de l’Etat.
La récente intervention du Porte-parole de la Présidence de la République sur les ondes de Urban FM à propos de la montée d’adrénaline dans ce secteur hautement stratégique pour nos finances publiques et repris par les écrivaillons à sa solde en sont la preuve évidente d’une méconnaissance totale du sujet portant sur la crise profonde qui y sévit en conduisant inexorablement notre pays vers une impasse financière sans précédent.
Être collaborateur du Chef de l’Etat, qui plus est Porte-parole de la première institution de la République, implique que l’on ait une vue synoptique du sujet que l’on prétend aborder et la parfaite connaissance des dispositions légales qui y prévalent.
Malheureusement, nous constatons pour le regretter, que le Conseiller du Président de la République, Porte-parole de la Présidence a manqué une fois encore l’occasion de parfaire ses connaissances sur le sujet des Régies Financières en optant de venir étaler ses insuffisances sur la question, et plus grave, ses insuffisances sur la réglementation tant supranationale que nationale encadrant l’activité syndicale.
Comment Monsieur Jessye ELLA EKOGHA espère-t-il renvoyer la puissante Fédération des Collecteurs des Régies Financières (FECOREFI) à ses cours de droit si lui-même ignore les dispositions qu’il est sensé défendre ?
C’est le pathétique constat que l’on fait en analysant ses propos repris par une certaine « presse en ligne ». En effet, les partenaires sociaux réunis au sein de la FECOREFI font la démonstration, dispositions réglementaires à l’appui, de ce qu’ils violent systématiquement les textes qu’eux-mêmes ont rédigé et fait signer au Président de la République, Chef de l’Etat. Il n’en fait aucun doute qu’ils ont trompé délibérément le Chef de l’Etat et en agissant comme ils le font ils le phagocytent.
En venant jouer « le Monsieur je maîtrise tout », le Porte-parole omet que les décrets n°00428 et 00429/PR/PM du 24 décembre 2020 signés par le Chef de l’Etat sont clairs et disponibles pour tous. Il ferait mieux de dire à « sa presse en ligne » de faire un petit effort de lecture et de compréhension avant de faire étalage de grossières insuffisances rédactionnelles.
Lorsque Jessye ELLA EKOGHA parle d’un nouveau texte réglementaire adopté pour fixer le mode de calcul et le montant des primes, de quel texte parle-t-il ? S’il fait référence au décret n°00429/PR/PM du 24 décembre 2020 a-t-il seulement pris la peine de lire et de comprendre les dispositions de l’article 8 ? On dirait que non, sinon il ne se serait pas aventuré à vouloir justifier une position qui déteint négativement sur la sacralité de la signature du Chef de l’Etat.
Cet article 8 dispose clairement que « lorsque les objectifs prescrits sont atteints, la Prime à la Performance Budgétaire est payée pour son montant intégral ». Monsieur le Porte-parole de la Présidence peut-il nous donner les dispositions contraires qui fixent le nouveau mode de calcul et le montant de la prime ? Peut-il édifier les agents des Régies Financières et l’opinion quant aux objectifs à atteindre ? Parle-t-on des objectifs budgétaires ou des objectifs en trésorerie ?
A titre d’information à l’attention de Monsieur le Porte-parole de la Présidence et de ses écrivaillons en ligne, les Collecteurs des Régies Financières ont toutes atteint les objectifs prescrits pour le compte du mois d’octobre 2021. Les Impôts ont réalisé plus de 100%, les douanes plus de 100% et les Hydrocarbures 106%. A la lecture de l’article 8 du décret n°00429/PR/PM du 24 décembre 2020, pourquoi le Gouvernement se permet-il de payer les agents à hauteur de 38% ?
Sur un autre plan de son intervention, on découvre éberlué que le Porte-parole de la Présidence de la République feint d’omettre la réalité. Rien d’étonnant lorsqu’on sait qu’il faut par tous les moyens distraire le Chef de l’Etat par des discours surréalistes et spécieux qui l’éloigne de la réalité des gabonais et l’empêche de prendre des bonnes décisions en leur faveur.
La Fédération des Collecteurs des Régies Financières a toujours fait preuve de responsabilité et de patriotisme contrairement à ce que l’on s’ingénie à vouloir faire croire à la masse. Le 18 Octobre 2021, la FECOREFI a déposé son mémoire en réplique quant à la situation qui prévaut au sein des Régies Financières, personne n y a accordé la moindre importance. Le 15 novembre 2021, elle a déposé un préavis de grève générale illimitée qui, après le délai légal de huit jours, est demeuré sans suite. Monsieur Jessye ELLA EKOGHA peut-il nous donner la procédure à suivre dans cette situation ? Que prévoient les dispositions légales en vigueur ?
L’article 20 de la loi 18/92 du 18 mai 1993 fixant les conditions de constitution et le fonctionnement des organisations syndicales des agents de l’Etat dispose : « le préavis doit être remis huit jours au moins avant le déclenchement de la grève à l’autorité administrative. Il fait état des revendications qui sont la cause du mouvement de grève projeté, fixe la durée (…) l’autorité administrative les convoque dans les quarante-huit heures qui suivent le dépôt en vue de trouver une solution au conflit. »
Une fois la grève déclenchée, seul l’aboutissement de la négociation peut permettre de suspendre ou de lever la grève.
Les textes sont pourtant clairs et la grève déclenchée par la Fédération des Collecteurs des Régies Financières est parfaitement conforme aux dispositions légales au regard du mépris affiché par le Gouvernement. Les négociations n’ayant jamais eu lieu encore moins la conciliation prévue à l’article 21 de la loi 18/92 ni la désignation d’un médiateur par Madame le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, les agents avaient parfaitement le droit d’entrer en grève générale illimitée.
A la lumière de ce qui précède, on comprend bien que c’est le Porte-parole de la Présidence de la République et ses écrivaillons de la presse en ligne qui ferait mieux de relire les dispositions légales et faire un tout petit effort de compréhension avant de verser dans la désinformation des masses.
On ne peut continuer volontairement à maintenir le Chef de l’Etat dans l’illusion que tout va bien dans le pays alors que la réalité est tout autre comme en témoigne le climat de grève généralisée qui plombe le bon fonctionnement de l’Etat. Le Chef de l’Etat mérite de connaitre les faits réels pour prendre des bonnes décisions pour le bien commun. Verser dans le dilatoire reviendrai à trahir sa volonté et ses aspirations sincères pour la nation entière.
Source : Topinfosgabon