La dualité de la réalité met en évidence l’existence de contradictions au sein du système universitaire au Gabon. Ce qui semble être bénéfique pour la société ne l’est pas toujours, et ce qui est considéré comme intrinsèquement mauvais ne l’est pas nécessairement. Cette situation complexe s’applique particulièrement au milieu universitaire gabonais, qui connaît des crises chroniques révélant des défaillances dans sa trajectoire.
Les crises fréquentes et récurrentes qui secouent les institutions du savoir au Gabon reflètent le besoin urgent d’une réflexion collective sur l’orientation donnée à ce secteur. Malgré quelques réformes entreprises par le gouvernement au fil des années, la gestion du système universitaire semble échapper à son contrôle. Cela soulève des questions sur la pertinence d’organiser des états généraux spécifiquement dédiés à ce domaine.
Face à cette réalité, il est peut-être nécessaire d’instaurer des fondamentaux dans les cycles universitaires en organisant un système probatoire entre le premier et le deuxième cycle. Cela permettrait de mieux gérer le nombre d’étudiants et de les orienter vers la vie active ceux qui n’auraient pas réussi à franchir le deuxième cycle. Certains experts estiment qu’une approche différenciée, avec un premier cycle pour le niveau Licence et un second cycle à partir de la maîtrise, pourrait contribuer à atténuer la surpopulation universitaire.
De manière controversée, l’État semble avoir abandonné ses responsabilités en matière de gestion du système universitaire. Alors que les universités sont censées être des centres d’excellence où le savoir et la connaissance sont transmis, au Gabon, les crises sociales se succèdent sans que les pouvoirs publics ne réagissent. Mis à part le versement des bourses aux étudiants et des salaires aux enseignants, peu d’efforts sont déployés pour véritablement refonder l’université gabonaise.
Qu’est-il advenu des états généraux de 2010, organisés par le régime précédent et ses éminences grises, pour la refondation de l’enseignement au Gabon ? Les conditions de travail et d’accueil pour les enseignants et les étudiants sont devenues un véritable parcours du combattant, décourageant ceux qui aspirent à intégrer ou à travailler dans les universités gabonaises. Cette réalité pousse certains privilégiés à envoyer leurs enfants étudier à l’étranger.
Alors que les nouvelles autorités gabonaises créent progressivement un climat favorable, il est urgent pour les responsables gouvernementaux chargés de la gestion de ce secteur de réfléchir à une refondation de l’université. Celle-ci doit devenir un véritable levier pour la formation et le développement du Gabon. Il est temps de mettre en place des mesures concrètes et des réformes audacieuses pour sortir le système universitaire de sa crise persistante et lui redonner un rôle prépondérant dans la société gabonaise.
Thierry Mocktar