« Il vaut mieux l’avoir dans son camp au lieu de l’avoir en face de vous » avait prévenu, le 29 février 2015, Jean Ping lors de la déclaration de l’officialisation de la démission de PDG de René Ndemézo’Obiang, alors qu’il venait d’y passer une bonne partie de sa vie politique. Le camp de l’opposition qui, dans la perspective de la tenue des élections présidentielles un an après, jubilait de s’agrandir avec la présence en son sein de plusieurs anciens dignitaires de l’ancien régime présidentiel sous Omar Bongo Ondimba, affirmait ses convictions d’en découdre avec le président en exercice, Ali Bongo Ondimba.
En décidant, à la faveur d’une déclaration politique organisée, le Samedi 3 mars dernier, son retour au sein du Parti démocratique gabonais (PDG), après l’y avoir quitté au bout de six bonnes années, René Ndemézo’Obiang a mis en émoi une partie de l’opposition qui, au même titre que son ex formation , « Démocratie Nouvelle », fondue dans le moule du parti au pouvoir, avait favorablement répondu à la main tendue du chef de l’État en prenant part, en 2017, aux travaux du Dialogue politique d’Angondjé à l’initiative du Président de la République, Ali Bongo Ondimba, au lendemain des élections troubles de 2016.
A l’exemple du classico d’un « mercato » politique, c’est donc un grand coup que le pouvoir incarné par Ali Bongo Ondimba vient d’infliger au camp de l’opposition en allant recruter l’une de ses emblématiques figures de proue de ses cinq dernières années. Au moment où le Gabon traverse une période cruciale de son histoire, le retour au PDG de René Ndemézo’Obiang met nettement en évidence les ambitions d’un leader politique qui entend retrouver ses marques dans son fief de Bitam, après de l’échec de son ex formation politique aux dernières élections sénatoriales du 30 janvier 2021.
Un retour à la case départ que le natif de Mengang à Bifolossi a mûrement réfléchi, de même que sa participation au Dialogue politique. René Ndemézo’Obiang répondait de cette manière à l’appel lancé par Ali Bongo, au moment où les autres leaders de l’opposition dite « radicale » affirmait leur « solidarité » et « fidélité » à Jean Ping. Certains leaders de l’opposition qui ont pris part à ses assises voient dans l’absorption de Démocratie Nouvelle par le PDG comme une trahison.
Dans la mesure où la mise œuvre ou encore l’application des résolutions du Dialogue politique vont souffrir de caducité. Désireux de demeurer maître du jeu politique dans le Woleu-Ntem, René Ndemézo’Obiang aurait, dit-on, des velléités pour la Vice-présidence de la République restée vacante depuis l’éviction de Pierre-Claver Maganga Moussavou. Un saut dans l’inconnu qui laisse dubitatif et qui comporte tout de même un risque politique majeur et se traduire comme un suicide politique et moral pour de nombreux militants et sympathisants de la désormais ex Démocratie Nouvelle, appelé à réintégrer les rangs du PDG non sans difficulté aucune à cause de la malignité des militants restés fidèles à l’ancien parti unique.
Thierry Mocktar