« On se remet à la chasse quand le premier partage d’une précédente battue s’est bien passé ».
Dans la province de l’Estuaire, il y’a l’existence de ce formalisme communautaire que l’on appelle les Élus (communauté fang), les Appelés (communauté Mpongwè-Myénè) et les Autres (communautés non originaires mais durablement installées dans la province et qui y ont leur assises).
Comptant parmi la plus représentative de la province – dont l’un de ses plus noble leader, Jean Eyeghé Ndong, qui a fini par se ranger aux côtés du pouvoir – est assurée de voter pour Ali Bongo Ondimba en 2023.
Bien que frondeuse après la perte de l’essentiel de ses prérogatives, dont le poste très convoité de chef du Gouvernement qui faisait son leadership dans la première province du pays, les ressortissants fang de l’Estuaire ont tout de même vécu l’espoir avec la nomination de Julien Nkoghé Bekalé à l’immeuble du « 2 décembre ».
Une joie de bien courte durée avec, cette fois, la promotion de Rose-Christiane Ossouka Raponda, issue de la communauté rivale minoritaire, au poste de Premier ministre. Cela a été pressentie par les fang comme étant un lâchage de la part du pouvoir.
Toutefois, ni la constance, ni la fidélité encore moins la détermination de leur engagement n’en ont été ébranlées. Et généralement, cette communauté majoritairement est toujours présentée comme étant le principal soutien du pouvoir dans la province du fait de la transmission « quasi filiale » de celui-ci faite entre Léon Mba et Albert-Bernard Bongo devenu par après Omar Bongo Ondimba.
Depuis la nomination de Rose-Christiane Ossouka Raponda, la communauté fang et les Autres s’estimerait ainsi marginalisés. Alors que c’est grâce à ces deux composantes de la province que le président Ali Bongo Ondimba, a réalisé le maximum de suffrages exprimés en 2016 dans l’Estuaire, lors de la présidentielle.
Pendant que les ressortissants issus de la communauté des « Appelés » se trouvaient partagé avec la candidature de Jean Ping dans le cadre du repli identitaire. Dans certains cas, surtout quand l’on se réclame de l’opposition et dont l’on a pour objectif d’en découdre avec le pouvoir en place, le vote au Gabon obéit encore à cette logique et non sur un programme politique. Ce qui ne serait pas le cas dans le camp de la majorité où l’on vote par idéologie.
Depuis lors, la communauté fang de la province semble sous-représentée dans certaines composantes de l’exécutif du pays, au sein de l’administration centrale et même dans certaines instances du parti au pouvoir. Alors que ce ne sont pas les compétences ni les qualités qui manqueraient à ces derniers.
L’objectif aujourd’hui est de restaurer ses valeurs au risque de faire croire à une injustice.
En effet, en réclamant la primature l’on fait croire à l’opinion nationale que les fang de l’Estuaire versent dans une forme de chantage, et se désolidariserait du pouvoir. Il n’en ai rien de cela, indique un acteur de l’époque des indépendances. « Pourquoi en faire une fixation alors qu’en face les myénès et assimilés ont toujours occupé le Secrétariat général de la présidence de la République qui est un poste clé du pouvoir depuis Léon Mba. Il y’a eu René Radembino-Coniquet, Léon Augé, Mamadou Diop, Laure-Olga Gondjout, Désiré Guédon, Guy Rossatanga et aujourd’hui Jean-Yves Teale. Si l’on exclut les passages de Louis-Gaston Mayila sous feu président Omar Bongo Ondimba et François Engongah Owono avec le président Ali », a-t-il précisé.
L’intérêt majeur de la forte communauté fang que l’on retrouve dans les quatre départements de l’Estuaire et à Libreville serait de retrouver son leadership à l’échelle provincial. Et le pouvoir devrait le comprendre pour une véritable sérénité dans la province. Qui, lors de sa « Rentrée politique » a réaffirmée son engagement sans faille pour une victoire d’Ali Bongo Ondimba en 2023.
Thierry Mocktar