Malgré un rôle stratégique dans la préservation et la conservation de la nature, les écogardes du Gabon, agents de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) sont de loin les plus nantis de cette structure. Payés en « monnaie de singes » pour le plus grand nombre, leur situation ne s’est jamais améliorée depuis la création des parcs nationaux il y a 18 ans.
Au Gabon, il est impossible d’entrevoir la préservation de l’environnement sans les écogardes. Cette composante professionnelle de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) joue un rôle plus que stratégique dans la surveillance, le contrôle, l’éducation et la sensibilisation des populations sur le bien-fondé de la sauvegarde de ce patrimoine qu’est la nature. Il assure des missions aussi bien polyvalentes que transversales et se positionne en avant-garde des conflits fauniques, notamment celui Homme-Faune.
C’est en 2004, à l’issue d’une formation à Gamba, dans la province de l’Ogooué-Maritime, que les Éco-gardes font pour la première fois leur apparition. Cela va de soi, cette formation était consécutive à la création des 13 parcs nationaux un peu partout dans le Gabon. « Les Eco-gardes du Gabon sont formés pour la toute première fois en 2004 à Gamba », confirme un Éco-garde qui a requis l’anonymat.
Si les principaux acteurs de cette profession la perçoivent comme un « noble métier », le statut des écogardes, « gardiens de la nature » manque de clairvoyance et de considération. « Notre situation salariale et le plan de carrière n’a jamais progressé », ajoute la même source. Les irrégularités des salaires de ces agents de l’ANPN, le versement des cotisations sociales, les visites médicales au regard de leur contact permanent avec la forêt sont autant de faiblesses qui accablent cette profession.
D’après notre source, ces professionnels seraient divisés en deux catégories. La première catégorie percevant pour salaire moins de 200.000 francs CFA et payée par l’Etat. La seconde catégorie est payée entre 160.000 francs CFA et 250.000 francs CFA par les bailleurs de fonds tel que la Banque Mondiale. « Les conditions de traitement ne suivent pas. Car, après un stage, une évaluation ou une formation, les agents ont droit à un reclassement. Malheureusement, il n’en est rien! », s’indigne l’Eco-garde contacté par la rédaction de La Lettre Verte.
Ces manquements à la considération de ces agents seraient donc la cause de leur soulèvement dans le cadre des activités de leur syndicat éponyme (Syneg) il y a quelques semaines. En plus des faiblesses mises en avant, certains de ces agents dénoncent le copinage qui subsiste dans la répartition des revenus. « Certains par contre gagnent de bons salaires grâce à leurs mentors. Imaginez un agent recruté 10 ans après avoir reçu le double de votre salaire. La meilleure est que les jeunes recrues sont formées sur le terrain par les anciens. Ces inégalités frustrent et paralysent le bon fonctionnement des activités de l’ANPN »
Entre les charges fixes domestiques et la rentrée qui vient de sonner au Gabon, certains de ces agents se retrouvent dans l’incapacité d’assumer leur responsabilité domestique faute d’un salaire régulièrement versé. « En cette période de rentrée scolaire, nos enfants sont assis à la maison et certains d’entre nous locataires, sont mis dehors à chaque fois par manque de payement régulier du loyer », conforte notre source. Le vœu de cette dernière, que les choses changent positivement au gré du statut de cette catégorie professionnelle de l’ANPN.
Source : La Lettre Verte