La communauté nigériane du Gabon vient d’introniser EZE Binjamin OKEKE, roi des IGBO. Face à ce casting inattendu qui plonge dans la confusion notre constitution, une question revient aujourd’hui au sein du grand public : est-il normal d’avoir un roi là où règne un président de la République ?
Le 21 novembre 2022, EZE Binjamin OKEKE, a été intronisé roi des IGBO du Gabon lors d’une cérémonie grandeur nature dans un espace public, avec l’encadrement sécuritaire de la police gabonaise.
Et sans l’ombre d’un doute, lorsqu’on voit la foule qui a convergé en direction du gymnase d’Oloumi le 21 novembre 2022, on peut comprendre que les autorités gabonaises étaient bien au courant de cet évènement qui met pourtant en mal le fondement de notre République.
Et pour cause, depuis son indépendance le 17 août 1960, le Gabon a toujours connu une gouvernance républicaine incarné par un président de la République Chef de l’Etat. C’est aussi selon la constitution gabonaise, la première des institutions depuis cette date.
Les rois du Gabon à l’instar du roi Denis Rapontchombo ou du roi des M’pongwés Ta RENTCHUNU ne l’ont été qu’en qualité de chefferie d’une tribue sans pour autant que cela ne donne au Gabon des allures de royauté.
Mais à y voir de plus près, et considérant le contexte évènementiel qui a accompagné cette cérémonie d’intronisation du monarque des IGBO, EZE Binjamin OKEKE, on ne peut s’empêcher de se demander comment une telle mise en scène a-t-elle eu l’aval des autorités gabonaises, sachant pertinemment ce qu’indique la loi fondamentale à ce sujet.
Pour la petite histoire, le Gabon a toujours été une terre d’accueil, avec un large respect des religions et des traditions des communautés étrangères. Ceci veut tout simplement dire, que les IGBO du Gabon en respect de leur tradition, auraient pu se contenter de l’installation d’une chefferie traditionnelle en terre gabonaise. Ce qui leur permettrait de commémorer à leur manière, leur culture et leur tradition en fonction de leur calendrier évènementiel.
Vu sous cet angle, cette cérémonie du 21 novembre dernier, n’aurait jamais posé de problème. Mais ce qui fâche aujourd’hui, c’est la connotation qui a été donnée audit évènement, en indiquant clairement qu’il s’agissait bel et bien de l’installation d’un roi IGBO en terre gabonaise. Ce qui est au-dessus de toute logique traditionnelle, d’autant qu’on peut également se demander quelle loi va désormais observer cette communauté IGBO.
« Nous sommes fières d’avoir intronisé notre roi, nous allons pouvoir le solliciter pour la résolution de nos problèmes », avait indiqué un participant dans la foulée de cette installation.
En clair, les IGBO choisiront à l’avenir de s’adresser prioritairement à leur roi au détriment des autorités gabonaises.
Vous l’avez compris, les IGBO du Gabon bénéficieraient-ils d’un statut particulier en comparaison à d’autres communautés?
Pour Florentin Moussavou, président du parti CAC « la République gabonaise est Une et indivisible. Tous les étrangers qui vivent au Gabon doivent se soumettre à la loi gabonaise », a-t-il indiqué.
Le président du parti CAC est par ailleurs formel, lorsqu’il indique « En tout état de cause, les membres de ce groupe ethnique de nationalité nigériane, sont notoirement connus comme citoyens du Nigeria, qui demeure jusqu’à preuve du contraire, une république. En aucune manière, les igbo de ce pays frère, et presque voisin du Gabon, ne sont connus comme sujets d’une monarchie.
Pourquoi donc, voudraient-ils se prévaloir, en choisissant de vivre au Gabon, du droit de venir introniser un ROI ???
De plus, au regard de la solennité de la manifestation organisée en la circonstance, il est difficile de considérer que ce fut tout juste une plaisanterie. Les IGBO du Gabon auraient pu parler de chefferie et non d’un roi. On ne peut avoir un monarque au Gabon, où règne un président de la République, Ali Bongo Ondimba », a expliqué Florentin Moussavou, Président du Parti CAC.
C’est dire que la Cours Constitutionnelle, le Ministère de l’Intérieur et celui de la Justice ont besoin de se prononcer par rapport à la constitutionnalité de cet acte qui a même fait sortir de sa réserve la chefferie M’pongwè par son roi Ta RENTCHUNU qui se demande si les IGBO sont autochtones d’un espace géographique au Gabon. Car, comme l’impose les rites et traditions, un roi ne peut s’installer que sur la terre de ses ancêtres. Parlant des IGBO du Gabon, en tant que communauté étrangère, il est clair qu’ils ne sont propriétaire d’aucun terrain ancestral qui leur permettrait de régner.
De là, vu la confusion que cela augure avec les dispositions de notre constitution, l’heure est au rétablissement de la légalité des choses.
Les IGBO n’ont pas et n’auront jamais de constitutionnalité en République Gabonaise qui a un président en place tel que prévue par la constitution. Ali Bongo Ondimba est le Président du Gabon et rien d’autres. Un point c’est tout.
Michel Mbinah / Jordan Pango