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vendredi, 22 novembre 2024

Gabon/Candidature consensuelle: gare à l’angle mort !

De même que les angles morts ont de tout temps constitué des fléaux en matière de sécurité routière, en ceci que leur méconnaissance ont très souvent donné lieu à de nombreux accidents mettant en cause des usagers vulnérables de la route. En politique, la mésestimation de cet élément fondamental peut déboucher sur une bérézina sans précédent.

Alternance 2023, qui a choisi de minorer cet élément crucial pourrait, dans le cadre des scrutins généraux très attendus ce 26 août, payer le prix fort d’une stratégie insolite, le risque et la gravité de l’accident (et donc de la défaite) ayant considérablement augmenté.

DU CHOIX DU CANDIDAT CONSENSUEL

Si le background universitaire et les états de services d’Albert Ondo Ossa dans les plus grands amphithéâtres du monde forcent le respect, il reste cependant que la politique est une affaire complexe. Le glissement est loin d’être aussi aisé qu’on le croit, et bien souvent, ceux qui s’y sont essayés ont vite fait de le réaliser.

Le choix d’Alexandre Barro Chambrier ou de Paulette Missambo, respectivement du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM) et de l’Union nationale (UN) aurait été plus crédible à mon sens.

D’abord parce que les deux chefs de parti ont chacun pour leur part pris le soin de sillonner tout le pays, rencontrant les populations dans les artères les plus improbables du pays, et que la civilisation mettra encore, même au pas de course, des décennies à s’installer.

Ensuite, il y a l’installation des cellules de base, sortes de caisses de résonance, qui auraient permis à l’un comme à l’autre des partis politiques précités, d’étendre la dynamique arrêtée depuis la capitale, sans entraves aucunes.

Enfin, la représentativité de l’Union nationale (UN) aurait suffi à faire l’affaire, parce que plus ancien, à défaut de choisir le RPM, qui aurait tout aussi pu mettre en œuvre une sorte de synergie collaborative, capable d’enrayer la machine PDG, largement représentative sur le terrain.

Ces éléments mis bout à bout permettent de déboucher sur une déduction assez logique. Le choix du candidat Albert Ondo Ossa, candidat indépendant sans aucune base arrière dans l’hinterland, me paraît risqué.

L’éminent professeur est-il connu à Dienga, Mabanda, Moutsoubiri, Malinga, Matsatsa, Dikoka ou Kessipoughou?

Alternance 2023 aurait-elle (en tant que plateforme de l’opposition dite radicale) feint d’ignorer tous ces éléments essentiels et préféré jouer un coup de poker? La question turlupine plus d’un.

Sinon, comment expliquer un tel recours?

DE L’ÉLECTORAT GABONAIS

Bien que l’on reconnaisse (et ce depuis ses prises de position télévisuelle) au professeur Albert Ondo Ossa un chauvinisme clairement assumé, il va s’en dire (tout de même) que l’électorat gabonais est variable, bien loin de celui des peuples d’Afrique de l’Ouest, du Sud ou du Maghreb, qui carburent à l’idéologie. Pour eux, c’est la patrie d’abord. Il s’agit d’une affaire de vie ou de mort, d’engagement patriotique contre vents et marées, et donc de conviction.

Le peuple gabonais lui, est loin d’avoir cette maturité. Ses convictions varient au gré des circonstances. Elles sont facilement aliénables, pour autant qu’on consente à y mettre le juste prix. Et, avec la torpeur qui semble avoir gagné les esprits, il n’est donc pas exclu que le choix sacrificiel opéré par Alternance 2023 tombe comme une goutte d’eau dans l’océan au soir du 26 août prochain.

En déclarant, lors de la présentation officielle de leur candidat au Complexe Ntchoréré : « Nous avons sacrifié nos députés pour que l’on se concentre sur la présidentielle. À vous de faire le reste! », Jean François Ndong Obiang semble avoir admis, lui et les siens, qu’en cas d’échec de leur stratégie, ils auront gracieusement offert au Parti Démocratique Gabonais (PDG) toute la latitude de disposer d’une très large majorité à l’Assemblée nationale.

LE JEU SUBTIL DES ALLIANCES

Si l’on considère qu’aucun pouvoir autocratique n’organise une élection pour la perdre, il est donc évident qu’Alternance 2023 a déjà perdu dans les urnes.

La première hypothèse serait que le Parti Démocratique Gabonais (PDG), fort de sa capacité à bâtir des alliances en période analogue, réanime la Majorité républicaine et sociale pour l’Émergence (MRSE), son bébé au bord de l’agonie, d’une part; ainsi que la kyrielle de partis gazelles de l’opposition (dite modérée), d’autre part, aux fins d’affadir la stratégie d’Alternance 2023.

Concrètement, les forces précitées pourraient travailler à mobiliser leurs bases électorales respectives, dans la perspective de ne plus accorder leurs suffrages à leurs députés, mais plutôt orienter le scrutin sur le candidat de la Majorité. Une telle consigne de vote aurait un effet contraire à celui espéré par Jean François Ndong Obiang et ses compères.

Ainsi, à sacrifice égal, la Majorité ne travaillerait plus à l’élection de ses représentants à l’Assemblée nationale, mais plutôt à celle d’Ali Bongo Ondimba et ses députés propres. Il s’agit d’une alternative à laquelle pourrait tout aussi consentir les nombreux partis de la Majorité, l’objectif étant de déjouer la stratégie de leurs adversaires de l’opposition radicale.

UN PARI RISQUÉ

Le retrait des candidatures d’Alexandre Barro Chambrier, de Paulette Missambo et de Raymond Ndong Sima pour ne se focaliser que sur la présidentielle, comporte un risque mortifère. S’attendre à ce que « le peuple » consente à un « vote sanction » contre le PDG et son candidat l’est tout autant.

Il faut que la « stratégie » mise en œuvre par Alternance 2023 ait été suffisamment huilée pour produire l’effet escompté. Ce qui est fortement hypothétique.

En guise de complétude de la stratégie, l’éminent professeur et les siens auraient mieux fait de rallier à leur cause les partis gazelles de l’opposition, tout comme ceux de la Majorité, tout étant une affaire de prix…en fin de compte.

Ali Bongo Ondimba et son parti auraient été, dans l’absolu, privés de tout argument de riposte.

Et là, l’assertion d’Alexandre Barro Chambrier se justifierait fort aisément : « Affaire en bandits, se règle en bandits ». 

Stive Roméo Makanga, candidat du Bloc Démocratique Chrétien (BDC) à l’élection des députés

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1 COMMENTAIRE

  1. Je pense qu’il faut éviter de jeter le trouble dans l’esprit des gabonais par rapport au choix d’un seul candidat. Cela a été fait par des gens très avisées. Ils savent à quoi s’attendre. Nous devons y adhérer et apporter nos intelligences pour faire aboutir ce projet.

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