Les conclusions du rapport d’audit du cabinet Deloitte, rendues publiques la semaine écoulée, ont le mérite de laisser pantois.
La gestion des fonds Covid-19 est un désastre. Si jusqu’ici aucun membre du gouvernement n’a daigné s’exprimer sur la question, préférant jubiler sur la toute récente adhésion du Gabon au Commonwealth, il faut entendre que le sujet dérange, et que les parties directement appeler à se prononcer sur la question, craignent un lapsus linguae aux conséquences encore plus importantes.
L’Omerta. Telle est l’option choisie. Mais, il faut être formel. 530 milliards de francs CFA ont été alloués au Gabon pour lutter contre la Covid 19 dans notre pays. La communication, point d’orgue de cette bataille contre cet « ennemi invisible », selon l’expression consacrée, n’a pas été en reste.
Plus d’un milliard et un peu plus de 16 millions ont été mobilisés à cet effet. Qu’en a-t-on fait ? Motus et boule de gomme. La direction de la communication présidentielle, qui en a eu l’usage exclusif, est elle aussi demeurée étonnement silencieuse.
Pourtant, l’on sait que le prédécesseur de Pascal Houangni Ambourouet en avait été exclu, et que, Julien Nkoghe Bekale, le chef du gouvernement dès la survenance de la crise sanitaire, avait validé une ardoise de 400 millions de francs CFA, lesquels devaient être directement virés par le Trésor public aux agences comptables des différentes entités sous tutelle.
Les bénéficiaires de ces fonds étaient donc tous connus. Il s’agissait de Gabon Télévisions, Radio Gabon, l’Agence gabonaise de presse (AGP), Gabon 24, l’Igis, et quelques autres, triés sur le volet.
Mais cette proposition de budget a été littéralement revue à la baisse par Rose Christiane Ossouka Raponda, la nouvelle patronne du 2 décembre et par ailleurs désignée par le Palais Rénovation Coordinatrice du Copil.
Outre ces entités, la Direction de la Communication présidentielle (DCP), chapeautée par l’hurluberlu Jessye Ella Ekogha a imposé ses têtes, dont Vocal Center, PRESSE, JC Decaux, SONAPRESS, et d’autres tabloïds bien peu connus.
Cette gestion de l’argent public, truffée d’opacité, est explicite du rapport d’audit du cabinet Deloitte.
Bardée du désir de verrouiller la presse privée, Jessye Ella Ekogha n’aurait consenti qu’à l’idée de n’octroyer 10 millions de francs CFA à la presse privée.
Plus intéressant encore, quelques journaux estampillés « presse du Copil », sous l’emprise d’on ne sait quel type de servilité, payée 200.000 francs CFA le trimestre pour le relais des « situations épidémiologiques », peine encore à toucher leurs reliquats.
1.016.838.591 milliard de francs CFA. C’est le montant exact, tel qu’établit par l’audit, qui a été engagé à titre de communication Covid.
Si l’on souhaitait la transparence dans cette affaire qui entache au plus haut point le gouvernement Rose Christiane Ossouka Raponda, ce sont toutes les entités impliquées dans la gestion de cette précieuse manne gracieusement offerte par le FMI, qui devraient être passées au crible. Mais hélas !
Jusqu’ici, l’Omerta se conforte.
Pierre BOUTAMBA