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vendredi, 22 novembre 2024

Cyber sécurité en Afrique : Le continent serait-il menacé ?

Cette question mérite une réflexion particulière à l’heure où l’Afrique s’apprête à commémorer la date du 25 mai qui marque la signature des accords de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine), 1963, instituant la journée mondiale de l’Afrique.

Benoît Grunemwald, expert cyber sécurité chez ESET France et Afrique francophone revient sur la problématique de la cybersécurité en Afrique. Dans son analyse, il explique et évoque la collaboration avec le privé comme la clé.

 « Vingt années après les premiers pas de l’Internet en Afrique, la situation du continent se révèle globalement assez comparable à celle des autres régions du monde. Connectés au réseau mondial via des câbles terrestres ou des sous-marins, des satellites ou même des drones et des ballons, les Africains présentent un taux d’accès à Internet plutôt élevé.  » Pour lui,  » Si 25 % de la population du Sahara Sud dispose d’un accès, celui-ci concerne 60 % des populations d’Afrique du Nord. À l’échelle mondiale, seulement 50,8 % de la population est connectée… », Explique-t-il.

D’après cet expert, ce sont là les facteurs qui pèsent sérieusement sur la paix, la sécurité et la stabilité des pays. Benoît Grunemwald estime que « cette normalisation relative va de pair avec une forte hausse de la cybercriminalité ». Exponentielle à l’échelle mondiale, celle-ci, dit-il, se retrouve logiquement au sein du continent africain.

Le récent rapport produit par Interpol sur la cybercriminalité africaine en atteste : les e-mails compromis en entreprise, le phishing, les ransomware, les « chevaux de Troie » bancaires, les extorsions en ligne ou encore le « crimeware as a service » (automatisation de la cybercriminalité) ont accusé un net bond en avant, sur fond de déploiement du télétravail suite à l’épidémie du Covid-19″, ajoute cet expert.

Selon Benoît Grunemwald, le président  sénégalais, le 24 octobre dernier, alors qu’il accueillait le Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, Macky Sall le pointait : « les dérives du numérique constituent aujourd’hui l’une des menaces les plus sérieuses à la paix, à la sécurité et à la stabilité de nos pays ; menaces d’autant plus difficiles à combattre qu’elles sont diffuses et protéiformes ».

En citant l’exemple du président Sénégalais, Benoît Grunemwald se demande 

« Comment ne pas le croire lorsque l’on constate que les cyberattaques concernent tout le monde, touchant des structures aussi différentes que le régulateur des télécoms sénégalais, des hôpitaux ou encore des opérateurs en charge de la distribution d’eau, d’électricité ou d’énergie ? »

Il précise que selon les experts, « quelques 1 848 attaques concerneraient l’Afrique chaque semaine, contre 1 164 dans le monde en moyenne, ajoutant par ailleurs que ce chiffre qui en dit long sur la centralité stratégique du continent africain : à l’heure des réseaux mondialisés, sa protection est aussi une garantie de celle du monde tout entier. »

Le Maroc, explique Benoît Grunemwald, est « parmi les pays les plus concernés par les attaques, le royaume chérifien apparaît comme une cible de choix pour les cybercriminels. Le rapport rédigé par le Bureau africain des opérations de lutte contre la cybercriminalité d’Interpol classe le Maroc comme celui le plus touché par les chevaux de Troie bancaires et Stealers».

« Le Maroc est également le deuxième pays le plus impacté par les rançongiciels du continent, note ce document. Le Maroc est un  point névralgique », selon cet expert en cyber sécurité chez ESET France et Afrique  francophone qui conclut  que « près de 19 000 détections de logiciels malveillants auraient été réalisées au sein du pays, loin devant l’Afrique du Sud (6 560 détections), le Nigéria (5 366 détections), le Cameroun (1 462 détections) et l’Algérie (691 détections). Il en va de même pour l’escroquerie et à l’extorsion en ligne, dont les spams sont respectivement géolocalisés en Afrique du Sud, au Maroc, au Kenya et en Tunisie. »

Rappelons que la « Journée de l’Afrique » qui se tient ce 25 mai 2023, coïncide avec la date d’anniversaire de la signature du RGPD (Règlement Général sur la Protection des  Données) : c’est  l’occasion d’évoquer les enjeux de cyber sécurité qui se posent au sein du continent africain.

RD

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