Le Syndicat des médecins fonctionnaires gabonais (SYMEFOGA) a dans un communiqué publié le 03 mars 2021 attiré à l’attention du président de la République Ali Bongo Ondimba et de sa Première ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda, au regard des conditions de prise en charge des patients Covid qui serait très exécrable mettant ainsi chaque jour en danger la vie des femmes et hommes de santé.
Nous publions ci-dessous le communiqué intégral :
Monsieur le Président de la République chef de l’État, Madame le Premier Ministre Chef du Gouvernement est le président du COPIL, Gabonais, gabonaises, chers compatriotes,
Chers confrères et consœurs médecins, Madame le Premier Ministre, lors de nos différentes rencontres avec les ministres de la santé (l’actuel et son prédécesseur) et avec votre précédent homologue ainsi que nos communiqués de presse (25 mars et 13 juillet 2020), nous n’avons cessé d’attirer l’attention de tout le monde sur la gravité de cette pandémie mais surtout sur la vétusté de nos plateaux techniques laissés à l’abandon par les gouvernants que vous êtes. Nous vous interpelions par la même occasion sur le fait que comme devant la mort, nous étions tous égaux devant cette maladie au regard des restrictions qu’elle nous impose. D’où la nécessité d’une gestion rigoureuse de l’argent public dédié à cette guerre contre la covid-19.
Madame le Premier Ministre, un an après et malgré les sommes colossales annoncées par le Gouvernement, fort est de constater que l’état de nos structures sanitaires va de mal en pis.
En effet comment comprendre que la CHU de Libreville soir aujourd’hui non pas la vitrine de l’offre de soins dans notre pays mais plutôt « la vitrine de l’agonie de notre système de santé »?
Comment comprendre que 2 centrales de production d’oxygène aient été laissées en l’état (seuls 3 modules sur 8 nécessaires sont fonctionnels).
Comment accepter les ruptures incessantes en oxygène dans un hôpital en première ligne de la prise en charge des patients covid-19 grave (exposant chaque minute les patients à la mort et mettant le personnel dans une angoisse perpétuelle) ? Combien de patients devons-nous encore perdre pour que les moyens arrivent à nous et à nos patients ?
Comment peut-on prendre en charge des patients, en particulier Covid positif sans scanner et laboratoire fonctionnels ?
Comment comprendre que les travaux d’un bâtiment naguère dédié à la prise en charge de ces patients Covid+ n’aient pas été achevés avec équipement d’une mini centrale d’oxygène ? Comment comprendre que le CHU de Libreville qui a pris en charge gratuitement la majorité des patients (donc pas d’entrée financière pendant 5 mois) n’ai eu aucune compensation financière au point que sa Directrice Générale peine à payer les salaires et les primes de son personnel ?
Comment comprendre que nous soyons dépourvus les médicaments et de tout équipement de protection individuelle et d’hygiène dans les hôpitaux de ce pays à revenu intermédiaire haut ?
Ce constat non exhaustif de l’État du CHUL et le reflet de toutes les structures sanitaires de notre pays.
Madame le Premier Ministre nous invitons le Gouvernement à l’inévitable notion d’intégrer la covid-19 dans le panel des maladies que nous devront désormais un prendre en charge. De ce fait, il est inconditionnel d’investir sur la remise à niveau des hôpitaux, seul gage d’une prise en charge pérenne de tous les patients y compris les Covid positifs.
Le personnel de santé fait des soldats dévoués à cette guerre peine à comprendre comment les nombreuses réclamations induites par un paiement à la va-vite de l’indemnité covid-19 n’ai pas été prises en compte alors même qu’on parle d’un reliquat de plus de 400 millions (300 millions pour la PIP et 100 millions sous forme de bons de caisse non retirés) ? Mais comment admettre que le personnel du CHUL qui se donne corps et âme jusqu’à ce jour ne soit pas motivé ? Est-il encore nécessaire de rappeler le nombre de personnelle de santé tombés sur le chant de bataille
Monsieur le Président de la république, nous avions été touchés par votre adresse à notre dévouement et à l’honneur qui avait permis de baptiser le laboratoire du gymnase du nom de notre Maître Professeur Gahouma. Mais hélas, la mémoire de ce dernier est tous les jours salie par le fait que le COPIL, dirigé par votre premier ministre a mis en place un système de racket en rendant payant les tests de dépistage de la covid-19 est imposant ce test par les gestes les plus courants (aller au restaurant, aller au culte, se déplacer sur le territoire national alors que la pandémie touche tout le pays…) La gratuité annoncée des tests ne nous semble que le meilleur moyen de pousser les gabonais à payer 20000 francs CFA fameux système VIP toujours en vigueur parfois sans reçu.
Monsieur le Président de la République, le personnel médical et paramédical attend toujours l’effectivité des promesses annoncées par vous-même (suite à l’indemnité covid-19), moyens de protection, amélioration du plateau technique, transport gratuit…).
Nous sommes surpris que sans moyen supplémentaires, le ministère de la Santé et les responsables techniques du COPIL, demande d’augmenter la capacité d’accueil des patients covid-19 grave.
Dans ces conditions comment demander l’augmentation ou la création de lits de réanimation dans des hôpitaux sans oxygène ? Sans scanner ? Sans laboratoire ? Sans équipement de protection individuelle ? Sans produits d’hygiène ? Sans motivation du personnel ? (combien de médecins infirmiers… doivent-ils encore perdre la vie???).
Nous sommes meurtris par la perte de 4 médecins en l’espace d’une semaine dont une jeune consœur arrachée à la fleur de l’âge. Que toute la communauté médicale ainsi que leurs familles respectives reçoivent nos condoléances les plus confraternelles.
Madame le Premier Ministre, Présidente du COPIL, chers compatriotes le personnel de santé ne peut travailler qu’avec les moyens mis à sa disposition. Nous vous informons s’il était encore besoin que notre patience limitée ne nous permet plus de garder le silence au risque d’être complice d’une criminalité volontairement entretenue par le Gouvernement dont vous êtes le premier responsable.
Parmi les mesures restrictives mis en place par le gouvernement pour lutter contre la covid-19, le couvre-feu à 18 heures pose plus de problèmes qu’il n’apporte de solutions. En effet Madame le Premier Ministre, cette mesure impact énormément sur le fonctionnement des structures sanitaires. Le personnel qui doit se relayer et parfois passer 24 heures dans les hôpitaux n’est ni nourri, ni transporter. Il est régulièrement victime de la brutalité des agents des forces de défense et de sécurité pour qui la carte professionnelle ne suffit pas toujours.
Enfin, ne pouvons rester insensible à l’actualité, nous présentons nos condoléances aux familles en deuil et parent « les assassinats » des populations sans armes qui manifestent leur désarroi face à des décisions prises sans mesure d’accompagnement.
Ces décès sont les conséquences d’une politique sans concertation, d’une mobilisation prolongée de force de troisième catégorie et d’une paupérisation croissante des populations.
Dr Adrien Mougougou, président du SYMEFOGA