Phénomène mondial, la maltraitance des enfants sévit dans tous les pays. Le Gabon, qui n’est pas épargné par cette manifestation, enregistre chaque jour de nouvelles plaintes et révélations dans ce sens. Le cas du jeune André Ekome, habitant le quartier Sotega dans le 2e arrondissement de la commune de Libreville illustre de ce phénomène.
Alors que la représentation nationale des Nations Unies vient de publier son rapport annuel 2021, 700 enfants migrants, constate-t-on, sont vulnérables et victimes de la traite ou de maltraitance au Gabon. Si ce chiffre peut paraître isolé aux ressortissants étrangers, le phénomène de maltraitance à l’égard des enfants a également pignon sur rue au Gabon où, dans le semblant d’exemplarité des familles gabonaises, de nombreux enfants sont parfois soumis à une vie difficile.
Élève inscrit en classe de 6e au cours Secondaire EPI, le cas du jeune André Ekome âgé de 12 ans seulement est illustratif de cette réalité. Habitant le quartier Sotega, dans le 2e arrondissement de la commune de Libreville avec ses parents biologiques, André Ekome partage ses journées entre tristesse et espoir face au calvaire que lui font vivre certains de ses parents.
En effet, dans l’élan d’une rencontre en mars 2022 au quartier Sotega, le jeune André, se confiant à quelques-uns de ses voisins, va laisser entendre qu’il est la cible de maltraitance de ses demi-frères, tous plus âgés que lui. « Je suis l’objet de maltraitance de mes frères qui passent le temps à lever la main sur moi en l’absence de nos parents. Si je refuse d’exécuter une demande, ils lèvent la main sur moi. Et cela presque tout le temps, même lorsque j’ai raison. Je n’ai pas la même chance qu’eux car leur père leur donne de l’argent. Pour en avoir, je dois souvent faire des petites bricoles telles que transporter les briques et du sable avec des amis du quartier. Cela me permet de subvenir à mes petits besoins », lâche le jeune garçon.
Selon ces dires, André serait, en l’absence de sa maman travaillant à l’hôpital, l’homme à tout faire : ménage, eau quand les autres seraient paisiblement assis à l’assister. Lors des rentrées des classes, il arrive également que le jeune garçon soit privé de fourniture scolaire malgré ses performances scolaires exceptionnelles. « Quand j’étais à l’école publique, j’apprenais avec les mêmes cahiers pendant deux ans et un jour mon maître de la 3e année m’a demandé pourquoi je n’avais pas assez de fournitures? J’ai expliqué au maître que je venais à l’école avec ce qu’on m’a donné quand on a partagé les cahiers à la maison » relate-t-il.
Pour combler ses moments difficiles, André s’adonne régulièrement à la pratique du football prêt de l’école publique de Sotega à quelques pas de son lieu d’habitation. Pour André, la pratique du sport, notamment le football est une façon pour lui de sortir de ce calvaire qu’il ne parle que très peu aux proches. A côté du football, les soutiens de bonnes volontés de l’Eglise Catholique de Sotega qu’il fréquente depuis l’âge de 7 ans l’aide à surmonter cette difficile épreuve.
De ces soutiens, il reçoit un accompagnement scolaire, financier et de quoi se vêtir lors de la fête de la nativité et de Pâques.
Des cas comme André, le Gabon en compte beaucoup. Mais par peur de représailles et manque de vigilance des parents, certains demeurent dans le silence. Souvenons-nous de l’histoire de cet élève de 14 ans, apprenant dans un établissement situé à Port-Gentil dont l’oncle a abusé sexuellement ou de bien d’autres relayés par la presse locale. Une motivation qui devrait amener les autorités à regarder de plus près ce phénomène qui pourrait avoir des répercussions nuisibles sur la vie de ses enfants.
Andy Pascal Nguema