Enquête et reportage. Le golfe de Guinée, zone économique en devenir qui s’étend de l’Afrique de l’Ouest – au nord du Nigeria – jusqu’aux confins des côtes atlantiques du Gabon, est aujourd’hui livrée à plusieurs formes de criminalité transversale transfrontalières.
Les populations vivent sur un immense espace géographique riche en hydrocarbures et en ressources halieutiques, mais ne tirent aucun avantage à cause de la présence de grosses entreprises multinationales. Deux formes de criminalité transfrontalière se sont développées. L’arraisonnement des navires marchands et les prises d’otages dans les plateformes pétrolières (piraterie maritime) ainsi que la pêche industrielle illégale déployées par des armateurs chinois, malais, sud-américains…
Cela dit, le golfe de Guinée est un étrange « eldorado » des tropiques où le pétrole coule à flot. Et attire des mannes financières colossales. L’or noir de très grande qualité pour les industries occidentales est au centre de toutes les convoitises et de tous les enjeux mondiaux. Et mérite la protection de son exploitation. Dans la mesure où la principale menace de la région est l’expansion de la piraterie maritime qui a prit de l’ampleur. Au Gabon, on dénombre déjà une dizaine d’attaques pirates qui ont causé un mort. Des rebelles de mer qui ont installés leurs bases arrière sur les côtes du Calabar au Nigeria, et d’où part l’intense trafic de l’immigration clandestine (humain, stupéfiants et autres) qui sévit dans le pays.
Des bateaux retenus en otage ou simplement détourné pour de l’argent. La piraterie maritime dans le golfe de Guinée est un sujet d’actualité très précise aujourd’hui, indique Bertrand Monnet, un sujet français, enseignant de management et de risques criminels à l’EDEC de Paris, qui est allé plusieurs fois au contact des indélicats. Parce que l’activité vise essentiellement les bateaux qui travaillent pour les industries pétrolières.
« Les pirates que j’ai pu rencontrer dans le delta du Niger sont des « professionnels » aguerris aux risques du métier. Ce ne sont pas des pêcheurs pirates comme on peut le voir en Somalie. Ils ont une capacité à l’utilisation de la violence dans une logique jusqu’au-boutiste », précise l’expert français. Les cibles les plus visées sont : les stations de pompage, les barges pétrolières, les multinationales occidentales, asiatiques, américaines… accompagner des demandes de rançon, indiquait en 2011, l’ancien chef pirate, John Togho, l’homme le plus recherché à l’époque du Nigéria, tué dans une attaque par l’armée Nigériane.
La piraterie en mer est aujourd’hui plus qu’un enjeu majeur pour l’ensemble des États côtiers du golfe de Guinée. En effet, un peu plus de 20 % des exportations pétrolières françaises sont issues des exploitations du golfe de Guinée. Et pas moins de 80 milles personnes affectées à ces industries. Ce qui nécessite une logistique sécuritaire appropriée pour leur protection et celle des intérêts des États.
Depuis 1990, la présence des marines africaines et françaises est quasi permanente dans le golfe de Guinée de tous les dangers. Dans la mesure où la détermination des pirates est imprévisible et d’une intransigeance extrême. En effet, ces rebelles des mers ne sont que des exécutants manipulés, exploités, par des lobbies pour leur capacité à aller au-devant de la violence. En 2013, le sommet de l’Union africaine de Yaoundé (Cameroun) avait consacré ses travaux à l’insécurité croissante dans le golfe de Guinée.
Une volonté manifeste des leaders du continent africain à s’approprier la lutte contre la violence maritime dans toutes ses formes. Les États restent souverains de leur zone maritime et les différentes armées doivent coordonnée leurs efforts. Pour autant la situation n’est-elle amélioré dans la zone ? En 2015, c’est 75 attaques qui ont touché l’industrie pétrolière (plateformes, navires, barges…) au large du golfe de Guinée. De 2016 à nos jours, c’est au total plus d’une centaine d’attaques pirates dénombrées.
Ce qu’il y a lieu de savoir est que ces rebelles (pirates) sont généralement soutenu par des communautés dont ils sont issus. Car à côté, il y’a le vol de pétrole qui s’installe fréquemment. Un pétrole escamoté dans des raffineries sauvages qui ravagent l’environnement et qui est parfois, malheureusement, retrouvé en contrebande dans certains pays comme le Gabon. Des risques démentiels et dommages collatéraux. Un véritable désastre écologique.
Des économies parallèles et informelles qui alimentent les riverains. Difficile d’évoquer dans ces conditions apocalyptiques et surnaturelles des risques du danger du golfe de Guinée sans revenir aux sources.
Thierry Mocktar