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dimanche, 24 novembre 2024

INTERVIEW/ONG TrCom/Dr. Léa Larissa Moukagni : « La coexistence Homme-animal ne peut se faire sans l’intervention de l’Etat »

L’éléphant est une espèce cruciale pour la régénération des espèces végétales. Alors qu’il y a quelques années, le Gabon en comptait environ 50.000 espèces, le braconnage et le conflit de cette espèce avec les populations villageoises menacent sa survie. Au Gabon, des ONGs comme Terre et Communauté (TrCom) tentent de rétablir le lien entre l’homme et la nature. Interview avec le Dr. Léa Larissa Moukagni, membre de cette ONG.

Bonjour Docteur. Le Conflit Homme-Faune s’est au fil des années imposé comme une véritable menace pour la survie de certaines espèces animales au Gabon. C’est le cas de l’Eléphant. Quelle est l’implication de votre ONG dans la lutte contre ce conflit ?

Dr. Léa Larissa Moukagni : Bonjour Monsieur ! L’ONG Terre et Communauté (TrCom) est une plateforme qui traite des problématiques qui impactent sur le bien-être des communautés locales. Elle se veut être leader dans le domaine du développement communautaire. Et pour ce qui est de la problématique du conflit-homme-faune (CHF), les causes les plus assaillantes sont connues ; au titre desquelles figurent l’exploitation forestière et le braconnage.

Pour la première cause, les apports financiers dans le budget de l’Etat sont importants. Toutefois, les conséquences sur les plans écologiques et sociaux sont également très visibles. Il y a une destruction des habitats naturels, qui favorise le déplacement des éléphants vers les villages où vivent les populations humaines, causant ainsi le conflit-homme-faune. En effet, les éléphants vont piétiner ou déraciner des cultures vivrières dans les champs, sachant bien la représentation sociale et économique d’un champ dans le contexte rural. Il paraît évident que les conséquences sociales dues au conflit sont considérables ; car les plaintes viennent de toutes les zones du pays présentant l’éléphant comme une espèce dévastatrice des plantations donc à éliminer de la planète.

L’agriculture se présente comme un secteur clé pour le développement du pays. Cependant, il reste peu structuré du fait de l’absence d’une planification des terres agricoles, avec une cartographie claire. Le type d’agriculture qui se fait en ce moment reste très traditionnelle avec des productions presque substantielles.

Face à tous ces éléments, TrCom compte se placer en médiateur entre les opérateurs économiques exerçant dans la zone d’intervention des communautés locales qui sont directement exposées aux effets négatifs de la faune. Et pour une meilleure gestion des CHF au Gabon, TrCom souhaite participer au processus de planification des terres.

Comment Terre et Communauté parvient-elle à trouver l’équilibre pour une meilleure coexistence pacifique entre l’Homme et l’Animal ?

Dr. Léa Larissa Moukagni : La coexistence Homme-animal ne peut se faire que si l’Etat s’engage réellement dans la recherche des solutions durables et surtout, par la mise en place d’un plan de développement rural. Et TrCom, entant que leader du développement local ne pourra qu’accompagner des projets allant dans ce sens.

L’éléphant est l’une des espèces animales menacée par ce Conflit. Au vu de vos actions de terrain, la population d’éléphant connaît-t-elle une significative augmentation ou régresse-t-elle ?  Que dire de l’état comptable de cette espèce ?

Dr. Léa Larissa Moukagni : Il est évident qu’au regard de l’ampleur du conflit qu’on pense automatiquement à une augmentation de la population d’éléphants. Au Gabon, en moyenne un éléphant meurt par jour, car le taux de braconnage est très élevé, présentant ainsi de problème de sécurité nationale.

Toutefois, pour lever ce doute qui plane dans l’imaginaire des populations locales qui diminue le seuil de tolérance, il serait souhaitable que les chambres parlementaires demandent un des inventaires des éléphants. Il est clair qu’à première vue, il s’agit d’un problème de gestion d’espace entre les exploitants forestiers et les communautés locales qui sont de plus en plus exposées aux effets de l’exploitation forestière. Il serait souhaitable que la distribution des permis forestiers tienne désormais compte de la problématique du conflit-homme-faune.

De nombreux facteurs affectent le milieu de vie de l’éléphant et menacent sa survie. Comment aujourd’hui entrevoir, l’avenir de l’éléphant dans les forêts gabonaises ?

Dr. Léa Larissa Moukagni : L’éléphant est évidemment menacé au regard de ces ivoires qui sont toujours convoités sur le marché international, mais aussi à cause du conflit qu’il a aujourd’hui avec les agriculteurs. A cet effet, sa survie dans les forêts gabonaises nécessite la mise en place d’un cadre légal de gestion des conflits-Homme-Faune, qui intègre les compassassions en cas de destructions des cultures ou de la perte des autres biens. Ajouter à cela, un plan de planification des terres qui spécifie clairement les zones agricoles qui vont faire l’objet des mesures sécuritaires ; telles que les clôtures électriques qui sont déjà en expérimentation au Gabon depuis 2016. Au regard de l’urgence de la problématique, l’Etat doit prendre ses engagements dans la mise en place des solutions d’atténuation en augmentant le budget de la gestion de la faune, car les subventions des bailleurs de fonds sont limitées et restent parfois incertaines. 

A titre de perspectives, quels sont les projets de Terre et Communauté concernant cette question ?

Dr. Léa Larissa Moukagni : Pour TrCom, l’atténuation du CHF est une nécessité pour la sécurité à la fois des animaux et des humains. Le Gabon est soumis à un défi majeur, celui d’atteindre la sécurité alimentaire. Pour cela, il faut plus d’espaces dédiés à la pratique de l’agriculture. TrCom se positionne comme la plateforme de structuration des acteurs d’un secteur en groupement en leur apportant des appuis techniques en termes de formation.

L’ONG Terre et Communauté intervient également dans l’incitation des jeunes dans les métiers qui ont été longtemps relégués au second rang. Terre et commune lève des équivoques sur des appréhensions sur l’exercice de certains métiers par les jeunes.

Source : La Lettre Verte

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