Mis quasiment sous pression (?), selon certaines indiscrétions, Eugène Mba, a fini par lâcher prise sur sa gestion à l’hôtel de ville de Libreville. Une gestion acariâtre que l’on a dénoncé ces derniers temps. Les lobbies extérieurs qui se sont emparés de la gestion du Conseil municipal de Libreville ont, au finish, prit le dessus sur Eugene Mba, affublé du qualificatif d’homme pondéré. Dire que la mairie de Libreville est une poule aux œufs d’or est un poncif. Car ce n’est pas pour les beaux yeux de l’institution municipale de Libreville « la coquette », que se déchaînent les passions et les appétences.
Les enjeux sont ailleurs que dans la propreté et la salubrité de la ville, l’amélioration de l’éclairage public, des voiries urbaines, des recettes municipales… Si tel n’était pas le cas, Libreville, capitale du Gabon, État pétrolier du golfe de Guinée, ne se retrouverait jamais dans une telle indigence, en si piteux état.
Le développement de la capitale gabonaise a été sacrifié sur l’autel de l’affairisme et de l’argent facile, motivations profondes et premières, de tous ceux qui se démènent pour prendre le contrôle de l’hôtel de ville de Libreville. Sans pour autant disposer d’une volonté d’aider le président de la République, Ali Bongo Ondimba, dans ses grands défis de porter le Gabon vers son Émergence. Lors des dernières élections municipales, on a pu observer combien de fois la présidence du conseil municipal de Libreville était très convoitée.
Le Parti démocratique gabonais (PDG) – parti au pouvoir – vainqueur des élections locales, a attendu la dernière minute pour désigner un candidat, tellement il était indécis à cause des pressions (?) qu’il recevait tous azimuts. Et quand bien même ce candidat a été investi, Eugène Mba, pour ne pas le citer, il s’est tout de même trouvé des groupes et des individus pour contester sous cape le choix souverain du Distingué Camarade Président (DCP) et, partant, du parti au pouvoir. Bizarre lorsqu’on sait que la discipline est l’apanage du bon militant.
Les oiseaux de mauvais augure ont continué à battre campagne dans l’ombre, tout en faisant jouer leurs relations et leurs soutiens, pour faire pencher la balance de leur côté, au dernier moment. Mais mal leur en a pris. On le sait aujourd’hui, certains ont même apprêté champagne et tee-shirts pour célébrer leur « victoire » avec faste. Le poste de maire de Libreville est tellement juteux qu’il fait perdre toute lucidité. Profitant de leur position au cœur du pouvoir municipal, certains à défaut de pouvoir s’installer eux-mêmes dans le fauteuil de président du Conseil municipal, usent dans le trafic d’influence.
Tirent les ficelles dans l’ombre, pour avoir au moins, la mainmise sur l’hôtel de ville. Ils œuvrent pour épouvanter, à défaut de faire chanter ou intimider. Dans l’objectif bien compris et le seul qui vaille, de contrôler l’administration municipale et placer leurs affidés aux postes directement en lien avec la gestion des recettes et des finances municipales : Inspecteur général municipal (IGM), Directeur général des affaires économiques (DGAE), Directeur général des finances municipales (DGFM), Directeur général des marchés municipaux (DGMM)…
Tout cela au détriment des agents et des « cadres » municipaux dont la compétence est largement au-dessus de celle des parachutés au profit souvent quelconque, en provenance d’autres administrations.
La compétence et le professionnalisme sont autant de critères secondaires quand il faut mettre en place un dispositif bien huilé pour capter les recettes municipales. Dans un tweet, rendu public, le 24 mai dernier, une association des jeunes commerçants gabonais du marché de Mont-Bouet, révèle que « deux millions de francs cfa sont versés chaque semaine à certains responsables de l’hôtel de ville ». Le tweet en question fait état de l’existence, dans cet espace commercial, d’une « organisation digne de la mafia italienne » ainsi que de « contacts douteux et frauduleux établis au bénéfice des multiples sociétés de sécurité ».
Qui sont derrière ces sociétés de sécurité ? Où allaient les millions de francs cfa de la régie financière de la DGAE suspendue par le maire de Libreville, démissionnaire ? Où est passé l’argent du droit de place (au marché) de la dernière mission avant la démission d’Eugène Mba ? Autant de questionnements égrenés sous formes de réquisitoires, par les jeunes commerçants, qui prouvent à suffisance l’ampleur du degré de la corruption et des malversations au marché de Mont-Bouet. Selon toujours l’organisation des jeunes commerçants, la mission sur les droits de place a ciblé 7000 commerçants, qui se sont chacun acquittés de 22 000 francs cfa, soit un total de 154 millions de francs cfa.
Le marché de Mont-Bouet, à lui seul, est la plaque tournante de tous les trafics. On n’est jamais tout à fait partie de Mont-Bouet. Meme après leurs mandats, maires ripoux, conseillers véreux, responsables indélicats y conservent toujours quelques intérêts, quelques « affaires » gérées soit directement par eux-mêmes soit par des intermédiaires turbulents, vêtus comme des Gavroche. Le débat sur l’alternance à la mairie de Libreville entre les Fangs et les Mpongwès, deux groupes ethniques autochtones de la province de l’Estuaire du Gabon, est un faux débat et que toutes les thèses échafaudées pour mettre fin à cette loi non-écrite ne sont que des prétextes fallacieux pour s’emparer de la poule aux œufs d’or.
Pourtant nombre de gabonais, originaires d’autres provinces que l’Estuaire, trônent allègrement dans la haute administration municipale à des postes de responsabilité importants et stratégiques qui devraient logiquement revenir à des cadres de l’Estuaire (Fangs-Mpongwès). S’il arrivait qu’un originaire de l’Estuaire accède à la tête d’une mairie à l’intérieur du pays, les natifs de la localité accepteraient-ils d’assister impuissants à un spectacle cocasse de leur déchéance ? Le débat est donc ailleurs. Les intrigues à venir ou en gestation à l’hôtel de ville de Libreville ne pas pour développer la capitale gabonaise comme le veut le président Ali Bongo Ondimba.
Loin de là ! L’objectif de tous les intrigants qui s’agitent dans l’ombre est de s’en mettre plein les poches. C’est ainsi que l’on peut comprendre les cabales et les intrigues qui sont légion à la mairie de Libreville afin de poursuivre l’affairisme ambiant qui y règne. Pour noircir l’intégrité et la probité des véritables bosseurs de l’Estuaire.
Thierry Mocktar