Au Gabon, a-t-on appris d’Africa Intelligence, la Banque mondiale a décidé de suspendre ses décaissements en direction du pays. Deuxième suspension du genre en moins d’un an, cette décision amène à s’interroger sur la viabilité des finances publiques gabonaise alors que le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) dit avoir mis le pays sur les rails.
Selon des sources concordantes, cette décision aurait été notifiée au Gabon via le ministère de l’Economie bien avant le sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) qui a eu lieu à Yaoundé au Cameroun mi-décembre 2024. D’ailleurs durant ce sommet, avait-t-on également appris, le Gabon a été sommé de revoir sa gouvernance et d’engager des réformes structurelles avec l’appui du Fonds monétaire international (FMI).
La suspension des décaissements de la Banque mondiale, la deuxième du genre après celle intervenue en juillet 2024 pour un impayé de 10 milliards de francs CFA, laisse entrevoir des problèmes de gouvernances publiques et une situation financière troublée par des défauts de trésorerie au Gabon. Cette situation n’est pas à exclure, au regard de la manière dont le CTRI avec pour tête de fil, le président de la Transition, Chef de l’Etat, Gén. Brice Clotaire Oligui Nguema mène la cadence de la Transition.
Il faut dire que le fait pour le CTRI d’avoir lancé ici et là, des projets de développement de manière tous azimuts ont eu pour conséquence d’assécher les finances publiques et de compromettre les engagements du Gabon auprès des bailleurs tels la Banque mondiale. S’agissant de cette stratégie de développement, le professeur Albert Ondo Ossa, grand opposant de la Transition n’en était pas convaincu de la pertinence. « On ne peut pas se lancer dans n’importe quoi. Ce n’est pas ça, le développement », avait-il fait savoir au cours d’une sortie.
Cette situation a donc le mérite de faire savoir au peuple gabonais que les choses ne vont pas bien et que la Transition porte certainement un coup dur aux finances publiques. Le gel de décaissements dus au Gabon par la Banque mondiale est en soi un signal fort qui devrait amener les uns et les autres à s’interroger sur la viabilité des finances publiques et leurs capacités de résilience dans un contexte national de pression sociale.
Flaury Moukala