La société Euler Data Solutions s’apprête à fournir des technologies de pointe aux services secrets gabonais, suscitant ainsi des interrogations quant aux liens complexes entre les renseignements français et africains.
Selon les révélations d’Africa Intelligence, une délégation de la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI), le service de renseignement gabonais, « s’est discrètement rendue au siège d’Euler Data Solutions à Bordeaux, en France, au cours de la deuxième semaine de novembre ». L’objectif de cette visite était de finaliser l’acquisition d’une nouvelle plateforme de renseignement destinée au centre de fusion du renseignement de la DGDI, lequel est en charge des missions de police aux frontières, d’immigration et de gestion des documents d’identité.
Cette plateforme, développée par Euler, permettra « aux agents gabonais formés d’accéder à un ensemble de technologies de pointe, incluant le renseignement en sources ouvertes (OSINT), les interceptions, l’intelligence artificielle et la reconnaissance faciale ».
Le contrat, initialement validé par les services de renseignement gabonais, a rencontré des retards dus au coup d’État du 30 août ayant destitué le président Ali Bongo, « perturbant ainsi la finalisation du processus ». Cependant, il a récemment pu être conclu avec les nouvelles autorités dirigées par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition, qui « attache une importance particulière au renforcement des capacités des services de renseignement ».
Cette révélation soulève des préoccupations légitimes quant aux relations ambigües entre les services de renseignement français et africains. Elle interpelle sur la dimension purement sécuritaire de cette coopération ou sur l’existence d’autres motivations politiques ou économiques.
De plus, l’importance croissante des nouvelles technologies appliquées au domaine du renseignement, notamment l’intelligence artificielle et la reconnaissance faciale, est mise en évidence par cette affaire. Il est donc essentiel que ces technologies soient utilisées de manière responsable, en respectant pleinement les principes fondamentaux des droits de l’homme et de la vie privée.
Sofia (source Gabonreview)