Le débat soulevé dernièrement par Sidonie-Flore Ouwé sur la question de « l’interdiction » de la dot au Gabon, continue de susciter de vives réactions au sein de la société gabonaise. C’est le cas notamment de Marcellin Mvé Ebang – Docteur en droit public et enseignant à l’Université Omar Bongo (UOB) – qui a tenu à recadrer les propos, jugés déplacés, de la magistrate.
L’ancien Vice-président de l’Assemblée nationale soutien en effet, que la sortie médiatique sur les réseaux sociaux de Sidonie-Flore Ouwé résulte d’une mauvaise interprétation de la situation. Qui relève plutôt « d’un point de vue personnel qui est loin d’engager toute la corporation ». L’enseignant de droit précise en outre que » comment comprendre qu’une personne dont le devoir est de prendre un peu de recul pour juger sereinement les problèmes qui se posent dans la société pour en découvrir les causes et pour éventuellement suggérer les solutions appropriées à partir des matériaux intellectuels dont elle est sensé disposer, puisse avoir des positions aussi tranchées que péremptoires sur cette question qui a fait l’objet de plusieurs travaux, dans les commissions interministérielles et les différentes chambres du Parlement, travaux non conclus à ce jour parce que d’une extrême complexité.
Selon l’ancien parlementaire, « au-delà de leurs caractères manifestement chroniques, ces déclarations trahissent une mauvaise appréciation des contours d’un débat de société qui tourne autour des questions modales suivantes : quelle place nos us et coutumes doivent-ils occuper dans notre corpus juridique en gestation ? ». Alors que le préambule de la Constitution gabonaise, y répond de manière claire paragraphe 3 : « l’attachement du peuple gabonais à ses valeurs sociales profondes et traditionnelles, à son patrimoine culturel, matériel et spirituel ».
En effet pour ces valeurs sociales, la coutume est une réalité importante de droit, au même titre que la loi qu’elle supplée et complète dans de nombreux domaines. Le mariage traditionnel dont la dot en numéraire constitue l’une des composantes doit justement être regardé comme une culture prégnante ayant pris place, depuis la nuit des temps, dans notre système des unions matrimoniales au Gabon.
Le débat sur ce sujet n’étant pas encore clos et ne pouvant se conclure que sur fonds de polymathique, en raison de sa nature transversale, il serait hasardeux à ce stade d’en tirer des leçons, même provisoires.
Et, Marcellin Mvé Ebang de conclure que « si Madame Sidonie-Flore Ouwé veut de faire une religion sur cette question, qu’elle lise les conclusions de l’étude et du rapport d’enquête réalisés en octobre 2011 et en janvier 2012 par la commission interministérielle ad hoc relative au mariage coutumier et religieux au Gabon. Si elle considère que ces conclusions n’ont aucune valeur juridique, qu’elle se réfère aux échanges des parlementaires des deux Chambres à ce sujet, lesquels sont consignés dans leurs journaux de débats respectifs, étant donné que le premier réflexe de tout juriste est de recourir, devant le doute ou la difficulté d’interprétation d’un texte, aux travaux préparatoires pour dégager l’esprit.
Cela lui éviterait de penser qu’elle peut proprio motu exhumer une loi désuète sous prétexte qu’elle n’a jamais été abrogée, puisqu’il ne s’agit plus ici de ramener la chapelle au centre du village », a tenu à rappeler l’ancien Vice-président de l’Assemblée nationale.
Thierry Mocktar