La Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII), traverse aujourd’hui une zone de turbulence avec le déclenchement, ce Mardi 10 novembre 2020, d’un mouvement de grève d’avertissement qui devrait durer une dizaine de jours, en tenant compte de l’article 345 du Code de Travail en vigueur en République gabonaise. Durant cette période et conformément à la loi, un service minimum devrait être assuré tant à Libreville (Port môle et au Beach d’ACAE) et à Port Gentil.
Le personnel gréviste revendique cinq (05) mois d’impayés de salaires, le paiement des droits d’ancienneté aux agents en pré retraite et aux retraités, le paiement des cotisations CNSS et CNAMGS, alors que des prélèvements sont effectués sur les bulletins de salaires des agents, ainsi que des primes diverses qui devraient leur être reversé…
Autant de points contenus dans le cahier de revendications qui a été déposé sur la table de la direction générale. Qui, malheureusement, reste inflexible sur ses revendications et dans son refus catégorique à tout dialogue pour une sortie de crise. Selon le porte-parole des grévistes, Pascal Makila Gnassa, rencontré sur le site du piquet de grève :
« Le mouvement de grève déclenchée est la résultante de la non prise en compte par le Directeur général de satisfaire à nos revendications, au motif qu’il n’ya pas d’argent pour nous payer. L’objectif inavoué de la direction générale est de procéder à des licenciements massifs du personnel pour des raisons économiques. Une décision que nous rejetons en bloc. Comment comprenez-vous qu’au moment où nous déclenchons ce mouvement d’humeur, le Directeur général, en compagnie d’une délégation comprenant une douzaine de personnes et frais de mission y compris, décide d’entreprendre une mission sur Port Gentil ? Si tel est le cas, avec quel argent a-t-il payé le transport par avion et le séjour ? » S’interroge-t-on du côté du Port môle de Libreville.
Le personnel gréviste y voit là, une fuite en avant de la mauvaise gestion de la CNNII qui devient une vache à lait pour certains privilégiés. Dans la mesure où des embauches de certains proches sont toujours en cours alors que la comptabilité est pratiquement exsangue. A preuve l’unique bateau de location exploité par la compagnie, le CASSANGA, pour un coût de 20 millions de francs cfa, se trouve à Sao Tomé pour une révision de moteur, alors qu’il y’a sur place ici à Libreville des compétences locales gabonaises qui pourraient le faire, soutien les mêmes sources.
Au moment où nous mettions sous presse, par correspondance n° 0266/METFPFP/SG/DGTMOE/ISPRA, en date du 10 novembre 2020, dont copie est parvenue à notre rédaction, nous apprenons qu’en sa qualité de garant de la paix sociale, l’Inspecteur Spécial du Travail en charge du secteur ports et rades, à inviter les deux parties à la table des négociations à compter du Jeudi 12 novembre 2020. C’est dire ça casse ou sa pli. Dans la mesure où le personnel n’a désormais de yeux rivés que vers les décideurs du pays pour instaurer un nouveau management stratégique à la tête de la Direction générale de la CNNII afin de sauvegarder les emplois des gabonais et sauver la compagnie d’un naufrage en eau claire.
Entreprise d’État créée, il y’a un peu plus de quatre décennies, le statut de la CNNII prête aujourd’hui à confusion. Compte tenu du fait que malgré le changement de dénomination intervenu en 2013, la ratification du texte de création de la CNNII n’a toujours pas eu lieu. D’où l’imbroglio que l’on observe dans la gestion de la Compagnie.
Par Justin Anga Otounga