Entre étude sur le comportement des animaux, écologie de la relation de l’homme aux grands singes, à l’observation des arbres, en passant par l’étude de la pluviométrie et de la température, au fil des années, le parc national de la Lopé, dans la province de l’Ogooué-Ivindo n’a cessé d’être au centre des recherches scientifiques sur la biodiversité qui ont été menées au Gabon. Aujourd’hui, cela fait environ 40 ans que les chercheurs se relaient sur ce site emblématique pour comprendre la nature.
Comment et pourquoi la Lopé est devenu, 40 ans après, ce site stratégique dédié à la recherche scientifique sur la biodiversité ? D’après le Prof. Lee White, ministre des Eaux Forêts qui a établi sa première relation avec le Gabon par la Lopé, c’est par accident de l’histoire que ce site, parc national situé dans la province de l’Ogooué-Ivindo est devenu un lieu prisé pour les recherches scientifique sur la biodiversité.
Au début des années 1980, le Centre international de Recherche Médical (Cirmf) et l’université de Stirling d’Ecosse entament une collaboration qui va durer environ 40 ans. C’est à ce titre que deux chercheurs de cette université vont séjourner au Gabon pour diverses études. A la Lopé, ils établissent une station d’étude qui prendra en compte l’étude des grands signes, l’écologie de nos relations avec ces singes, l’étude de la forêt et de phénologie. « Caroline Tutin et Michel Fernandez ont décidé de faire une étude sur les gorilles et les chimpanzés. Au hasard, la Lopé était peut-être scientifiquement le site le plus intéressant au Gabon pour étudier l’histoire de la forêt africaine et l’écologie de différentes espèces », estime Prof. Lee White, ministre des Eaux et Forêts.
Près de 40 ans après, les efforts de ces deux chercheurs, auxquels sont venues s’ajouter d’autres recherches, ont permis d’avoir une base de données sur la biodiversité de la Lopé. « Aujourd’hui, 40 ans plus tard, nous avons une base de données sur la phénologie qui date de 1983. Cela fait 37 ans de données », estime le ministre. La spécificité de ce site touristique doublement classé Patrimoine mondial pour sa spécificité naturelle et culturelle a renforcé son importance auprès de la communauté scientifique très enthousiasmée par la biodiversité de cet espace géographique du Gabon.
Les animaux, les mutations forestières, le stock carbone, le changement climatique, l’archéologie, l’histoire de populations humaines, etc., tout est passé au peigne fin par les chercheurs pour comprendre les mutations qui s’opèrent au sein des forêts sous l’effet du changement climatique à la Lopé. « C’est cet intérêt scientifique qui explique que la station du Cirmf, construite pour deux ans est encore sur place 40 ans plus tard », ajoute le Prof. Lee White. Toutefois, l’histoire de cet intérêt pour cette petite ville « oubliée » est aussi liée à l’histoire des rapports qu’entretient le Gabon avec certains bailleurs de fonds, dont la contribution a été d’une importance capitale pour la poursuite de ces recherches. C’est le cas de l’Union Européenne (UE) qui depuis 1992, via le programme Ecofac (Ecosystème fragilisé d’Afrique centrale), soutient financièrement les différentes recherches menées à la Lopé. Les partenaires privés tels que la compagnie pétrolière Total Gabon ne sont pas en reste.
Ces différentes implications ont permis de faire prospérer la recherche biologique au sein du parc, non sans manquer d’induire une corrélation avec les mutations qui s’opèrent dans les forêts du bassin du Congo. Le cas de la dernière étude réalisée à la Lopé et dont l’impact sur le reste de la sous-région a été prouvé renforce encore un peu plus l’importance de ce site dans la contribution scientifique. Mais si des partenaires tels que l’UE apportent leur contribution aux projets de recherches en rapport avec la Lopé, c’est avant tout en connaissance du danger qui guette l’humanité. En effet, « pour l’Union Européenne, les défis liés au changement climatique sont mondiaux. L’impact du changement climatique n’a pas de frontière. C’est pour cela que nous appuyons nos partenaires, les pays comme le Gabon, afin de les soutenir dans cette lutte », a souligné Efstratios Pegidis, Premier conseiller et Représentant de la délégation de l’Union Européenne (UE) au Gabon.
Source : La Lettre Verte