Malgré le potentiel en termes de terres agricoles, la dépendance du Gabon à l’égard de produits extérieurs ne faiblit pas. Depuis 2013, les importations dans ce sens n’ont cessé d’augmenter avec une progression de 11% par année. De 400 milliards de francs CFA en 2014, celles-ci représentent désormais la somme de plus de 800 milliards de francs CFA.
Bien que mal perçu, la crise du coronavirus a été un indicateur révélateur des faiblesses qui caractérisent l’agriculture locale. Les tensions dues aux besoins des gabonais de s’alimenter durant le confinement du Grand Libreville, ont montré que le Gabon était loin du compte en matière de développement agricole.
De peu, le pays basculait dans une crise alimentaire justifiée par le besoin des gabonais de se nourrir. Pour sortir de cette ornière, des voix se sont levées pour proposer des pistes de solutions au développement du secteur, afin de répondre à la demande intérieure. Parmi ces voix, celle du ministre du Commerce, Hugues Mbadinga Madiya. En mai 2020, au plus fort de la crise, dans une tribune, ce dernier relevait la nécessité pour le Gabon de domestiquer ses sources d’approvisionnement en produits de première nécessité : le sucre, l’eau minérale, les produits issus de l’agriculture locale.
« La leçon à tirer en matière de commerce est de nous appuyer d’abord sur nos forces internes, car nous sommes capables de susciter une offre locale de produits en substitution aux importations », soulignait le ministre dans sa tribune.
Cette interpellation était dénuée de pragmatisme et de volonté de rupture. En effet, alors que le Gabon dépensait environ 400 milliards de francs CFA en produits alimentaires en 2014, cette somme a doublé depuis quelques années. Sous l’effet de cette augmentation, les importations en denrées alimentaires enregistrent depuis lors, une forte augmentation de l’ordre de 11% par an. Ces statistiques permettent de mieux mesurer la profondeur du problème et de situer la « dépendance alimentaire (du Gabon), fruit des mauvaises politiques agricoles menées par les différents gouvernements depuis plusieurs années ».
Mais comment expliquer de telles statistiques, au regard de la bénédiction naturelle dont jouit le Gabon ? En effet, couvert à près de 90% de forêts et, malgré un potentiel en termes de terres cultivables évalué à 5,2 millions d’hectares et un climat propice à l’activité agricole (une pluviométrie de 1450 à 4000 mm d’eau par an), le Gabon n’a jamais vraiment développé son secteur agricole. Couplé à l‘échec de nombreux projets agricoles, le secteur est l’un des plus atones avec une maigre contribution au PIB.
Source : La Lettre Verte