Il fut à la fois adulé et craint, détesté et admiré. A quelques exceptions prêtes, plusieurs cadres du pays, singulièrement de la région du Bas-Ogooué (Moyen Ogooué-Ogooué Maritime), ont reçus les bonnes grâces du doyen Georges Rawiri « Onero », avant de prévaloir leur montée en puissance politique, sociale ou administrative, avant de s’affirmer comme de véritables leaders politiques dans leurs localités respectives des années plus tard.
Georges Rawiri n’aura vécu que sous les lambris dorés de la République. D’abord avec le Président Léon Mba qui l’appela au gouvernement en 1964 en qualité de Ministre de l’information, du tourisme, des postes et télécommunications. Ensuite avec le Président Omar Bongo Ondimba qui a fait de lui le fidèle serviteur, le bras droit et le collaborateur le plus sûr à qui il faisait sa totale confiance. Un patriote et nationaliste convaincu était né.
C’est un homme de cette trempe dont a besoin souvent un chef de l’État pour faire le grand ménage quand les choses ne semblent plus aller dans la vision voulue. La brutale disparition de Georges Rawiri a beaucoup affecté son ami et frère, Omar Bongo Ondimba. Les relations personnelles qu’il entretenait avec le Président de la République suscitaient parfois crainte et également la méfiance… de toute la classe politique gabonaise de l’époque.
Tout évidement rapprochait les deux hommes d’État. Au point d’en faire, des décennies durant, une complicité indéboulonnable. Omar Bongo Ondimba et Georges Rawiri sont entrés très jeunes au cabinet présidentiel de Léon Mba, où ils ont vécu dans l’ombre du patriarche jusqu’aux derniers instants de la vie de ce dernier. Fin politicien redouté, excellent calculateur politique et méthodique, Georges Rawiri a bien compris l’éducation traditionnelle dispensée par ses parents et la formation religieuse reçue des missions évangéliques américaines qui ont « colonisées » la région du Bas-Ogooué.
Homme des lacs, il en a gardé la rudesse et la gentillesse. Protestant convaincu, Georges Rawiri, est resté humaniste, rigoureux dans le choix de ses collaborateurs, exigeant dans le travail bien fait. Il détestait la trahison et l’affrontement. Mais affectionnait les défis, les bras de fer. Et tous ceux qui ont osé croiser le fer avec lui l’ont toujours regretté.
Né le 10 mars 1932 à Ntchatanga, dans la région de Lambaréné, Georges Rawiri après des études primaires à l’école protestante de Ngomo, se rend en France en 1946 où il poursuit des études secondaires au Lycée Jean-Baptiste Dumas, à Alès, dans le Gard. Il en sort bachelier série « moderne » en 1956 et entre au studio-école de l’OCORA. Deux ans plus tard, il obtient son parchemin en qualité de cadre technique de radiodiffusion. L’ascension professionnelle de Georges Rawiri est alors fulgurante.
Affecté à Radio Garoua au Cameroun, il devient en moins d’un an, chef de centre technique. En octobre 1959, il est à Libreville en qualité de chef du centre technique de Radio Gabon. Il prend une part très active à la création de la Télévision gabonaise et devient de ce fait, le premier Directeur général de la RTG. Alors commence une très longue et brillante carrière politique. Entré dans au cabinet du Président Léon Mba en 1964, il ne quittera le gouvernement qu’en tant que Vice-premier ministre en 1990 et force à une retraite anticipée. Mais le « gierroer » de Ntchatanga » ne l’entend pas de cette oreille.
Elu en 1996 Conseiller communal, il se présente aux élections sénatoriales et s’empare du perchoir. Le jour de gloire est arrivé par la voie des urnes. Président du Sénat, Georges Rawiri devient la deuxième personnalité de l’Etat. Il ne finira pas son second mandat terrassé par une attaque cardiaque qui l’emporte, le 06 avril à Paris, alors qu’il venait d’avoir ses 75 ans. Pour l’éternité, Georges Rawiri « Onéro » restera pour les gabonais et la mémoire collective, l’homme du sommet de la montagne Gabon.
Thierry Mocktar