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samedi, 23 novembre 2024

Bioacoustique : L’expérience Zuzana Burivalova

Diplômée de la prestigieuse université d’Oxford, voici plusieurs années que la Tchèque Zuzana Burivalova parcourt les forêts du monde pour expérimenter sa méthode de recherche basée sur la bioacoustique. Une nouvelle discipline consistant à étudier le son émis par les forêts (« tropicales »), afin d’évaluer leur état de santé. Au Gabon, la chercheuse veut renouveler cette expérience scientifique dans une étude qui prendra fin en 2022.

Laissez-moi écouter les bruits émis par les composantes de vos forêts et je vous dirais comment elles se portent. Après la Nouvelle-Guinée et l’Indonésie, où Zuzana Burivalova a testé sa méthode de recherche basée sur la bioacoustique, une discipline étudiant les sons émis par les forêts tropicales, le Gabon deviendrait dans les tous prochains mois son nouveau terrain d’expérimentation scientifique. « Le pays, riche en biodiversité et bien pourvu en parcs nationaux et terres protégées, est encore relativement épargné par la déforestation. » Le choix est tout vite compris.

L’UOB à la manœuvre

Menée en partenariat avec l’université Omar Bongo, l’étude sera allongée sur un an. « Nous n’avons pas encore lancé l’étude sur le terrain. Pour l’instant, on s’organise avec les autorités et partenaires au Gabon », a-t-elle confié à notre rédaction. Mais en raison de la pandémie de coronavirus elle a été reportée.

 « En ce moment, on attend que la situation du Covid-19 s’améliore, avant de vraiment lancer l’étude.», souligne la chercheuse. Sa technique d’étude des forêts vise à comprendre « s’il est possible d’utiliser les techniques bioacoustiques pour comprendre comment la biodiversité change, à cause de l’exploitation de bois sélectif ».

Le choix des forêts tropicales s’explique par la diversité d’animaux qui les composent. Cette diversité en fait pour Zuzana Burivalova « un énorme taux de biodiversité sonore ».

Des enregistreurs audio dans la forêt gabonaise

La technique tout comme la discipline est toute récente, donc encore dans sa phase expérimentale. Une fois les contraintes liées aux déplacements seront levées, environ 10.000 heures d’enregistrement audio seront collectées dans la forêt gabonaise. Pour ce faire, des dizaines de boitiers enregistreurs seront disséminés dans la haute forêt, dans neufs concessions forestières gérées par différentes compagnies et trois parcs nationaux. Ces appareils enregistreurs seront préprogrammés pour alterner la fréquence et la durée des enregistrements soit 24heures d’affilées, une semaine en continu, seulement les soirs et matins, ou bien un jour sur deux. Il faudra cependant encore attendre quelques mois pour voir Zazuna Burivalova poser ses valises au Gabon pour débuter cette étude qui devrait prendre fin en 2022.

Concessions forestières et parcs nationaux, cibles d’expérimentation

Le choix des concessions forestières gérées par des compagnies et des parcs nationaux du domaine de l’Etat est explicatif de la volonté de la chercheuse de comparer des zones vierges à celles souffrant le plus des interventions humaines, afin d’adapter les politiques de préservation de ces forêts en fonction des changements qui s’opèrent. « Le Gabon est un pays qui a, jusqu’ici, bien réussi à protéger les forêts et la biodiversité (en comparaison avec l’Europe, ou les Etats-Unis, par exemple), du coup, je pense que le monde a beaucoup à apprendre! », renchérit la chercheuse.

Exploiter la forêt, mais bien…

« Au Gabon, la moitié des forêts tropicales est actuellement dédiée à la déforestation sélective, donc autant s’assurer que cela soit bien fait. Beaucoup d’entreprises aspirent à obtenir les certifications PEFC ou CFS, qui garantissent une exploitation durable des forêts. Or, le processus d’obtention du label est long et compliqué ! Cela peut refroidir certains acteurs et nous espérons leur apporter une preuve de plus, à faire valoir auprès de leurs clients, consommateurs ou actionnaires, que cela vaut le coup… En outre, ces labels ne comportent pas encore de volet garantissant le respect de la biodiversité, ce que nous aimerions changer. »

A la fin…

Trois objectifs sous-tendent la technique de recherche de Zuzana Burivalova. D’abord, elle est une meilleure compréhension du paysage sonore produit par la forêt vierge et par la faune locale : les variations de sonorités journalières et saisonnières. Y compris la typologie d’animaux qui émettent ces sons. A quel moment ? Ensuite, le deuxième objectif est la surveillance en temps réel de l’état de la biodiversité à l’épreuve de l’abattage sélectif.

Il s’agit de mesurer comment cette pratique impacte la faune. Combien de temps faut-il à une concession d’exploitation pour se rééquilibrer après un abattage ? Enfin, le troisième objectif consiste à faire en sorte que les politiques de conservation mises en place soient vraiment efficaces.

Source : La Lettre Verte

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